Revue de presse internationale : « La France, l'équipe que tout le monde veut voir perdre en demi-finale »

À quelques heures de la demi-finale de Coupe du monde France-Maroc (ce mercredi, 20 heures), la presse internationale met la lumière sur l'histoire que sont en train d'écrire les Lions de l'Atlas.

L'amour-propre des supporters et du football français en souffrira sans doute, mais la presse internationale du jour n'a d'yeux et de mots que pour les exploits de Messi et de l'Argentine. La demi-finale France-Maroc, ce sera pour demain... surtout si les Lions de l'Atlas sortent les Bleus. On n'est pas sûrs, alors, que le monde du foot en soit trop chagriné.

C'est le sens de la chronique de Charlotte Harpur sur le site The Athletic : « Une pensée pour la France, l'équipe que tout le monde veut voir perdre en demi-finale... mis à part les Français bien sûr. Ce n'est pas que les Anglais sont amers après leur défaite en quarts, c'est juste que tout le monde préfère les outsiders. Le champion en titre est clairement favori pour accéder à la finale. Mais, en étant neutre, comment pouvez-vous ne pas supporter, comme l'a baptisé le coach marocain Walid Regragui, "le Rocky de cette Coupe du monde''? »

À Rabat, capitale marocaine, L'Opinion est prête : « Avec le mental d'acier et le dispositif tactique dont Walid Regragui est le maître-architecte, en plus du soutien inconditionnel du public marocain et arabe, on dispose, on en est convaincu, de tous les atouts pour sceller le match en notre faveur. »

Et écrire une page d'histoire. C'est le thème que développe le quotidien généraliste italien La Stampa - « En retard sur la ligne d'arrivée de l'histoire, la longue traversée de l'Afrique » - qui décrit, sous la plume de Giulia Zonca, « le chemin tortueux, depuis le premier point remporté en 1970 contre la Bulgarie, qui connaîtra aujourd'hui son apogée ». De son côté, Antonio Barilla y évoque, à propos du match, « un chapitre d'histoire, social, culturel et politique [...] il est normal que cette affiche soit revêtue de significations profondes, que l'on évoque le colonialisme, les souffrances des migrations, mais derrière tout cela, à la base, il y a un ballon qui roule et un rêve à réaliser ».

En Une de la presse sportive italienne, éclipsé donc par Messi, France-Maroc se contente des miettes avec à chaque fois une photo de Mbappé et l'un de ses adversaires du jour. « Balle à Mbappé », titre La Gazzetta dello Sport. L'étoile française doit percer le super mur du Maroc », un obstacle illustré par Sofyan Amrabat. Pour Tuttosport, qui a choisi d'opposer le Français à Youssef En-Nesyri, « Le Maroc prie, la France tremble ». Quant au Corriere dello Sport, il fait dans le classique avec le duel des potes du PSG : « Mbappé à l'épreuve du Maroc » et donc d'Achraf Hakimi.

La France face au « mur » marocain
Même duel en Espagne à la Une de As et même esprit : « Le champion contre un mur », « La France en route pour sa deuxième finale consécutive contre un Maroc qui n'a encaissé qu'un but », « Rocky contre Goliath ». Pour Marca, Mbappé illustre l'affiche du jour avec Sofyan Amrabat et ce choix : « Logique ou héroïque », « Les coqs veulent disputer une deuxième finale consécutive, les Marocains veulent entrer dans la légende ».

Et les Français peuvent se méfier d'eux-mêmes, comme le rappelle au Canada Antonin Besner sur RDS : « Le danger pour les Bleus sera bien sûr l'excès de confiance et l'arrogance. Pour déverrouiller le cadenas marocain, la France peut compter sur deux des joueurs les plus décisifs, Mbappé et Giroud. Face à une équipe résolument défensive, les Bleus devront aussi être prudents derrière, eux qui ont encaissé un but dans chacun de leurs cinq matchs ».

En Belgique, sur la RTBF, Pascal Scimè invite aussi les Lions de l'Atlas à la méfiance : « les Bleus peuvent avoir un jeu difficile à jouer pour les Marocains. La seule équipe qui a mis en difficulté le Maroc dans cette Coupe du Monde, c'est la Croatie, une équipe qui a à peu près les mêmes caractéristiques que la France. Les Marocains ont eu plus de "facilité" face à des équipes plus joueuses comme l'Espagne, le Portugal qui les ont privés de ballons mais surtout pris de haut ».

On parle tactique aussi en Argentine où La Nacion rappelle que « La France et le Maroc ont atteint les demi-finales en défiant l'orthodoxie du football ; pour eux, la possession est une perte de temps. [...] Le plan des Bleus passe à peine par le ballon. Ils reculent, laissent leurs adversaires les devancer et attaquent avec un effet dévastateur. Le Maroc, leur rival mercredi, le fait aussi, mais uniquement parce que les outsiders ont rarement beaucoup d'options ».