Samuel Sarr : « Macky Sall est un frère, mais je souhaite qu’il me cède son fauteuil en 2019 »

12 - Mai - 2018

Longtemps membre du Parti démocratique sénégalais (PDS opposition), Samuel Sarr a décidé de faire bande à part en présentant sa propre candidature en vue de la prochaine présidentielle. L'ancien homme de confiance d'Abdoulaye Wade, dont il a été le ministre de l'Énergie, entend capitaliser sur les difficultés actuelles du PDS pour remporter la mise en 2019. Au risque de prêter le flanc aux critiques de son ancien mentor, qui l'accuse de vouloir « disperser » son ancienne famille politique.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à l’élection présidentielle ?

Samuel Sarr : Cette décision est motivée par mon désir de contribuer à l’œuvre de construction nationale. Une candidature mûrie par la prospection engagée en amont par des Sénégalais et des Sénégalaises, notamment des jeunes, qui ont décidé de faire de moi leur candidat. Ils m’ont fait confiance car ils savent que je n’appartiens à aucun groupement d’intérêt politique ou économique, et que j’ai à cœur de m’investir dans l’édification d’un Sénégal nouveau.

On pensait jusque-là que vous aviez tourné la page de la politique…

Même si je me suis écarté un temps de la vie politique, ma volonté de contribuer à l’avenir de mon pays demeure intacte. Avec mon équipe, nous avons mené une réflexion engagée, ainsi qu’une radiographie de la pauvreté au Sénégal, ce qui nous a permis de construire un projet de société qui s’appuie sur plusieurs segments essentiels : éducation, santé, agriculture, télécommunications et énergie. Au niveau international, je mettrai l’accent sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, en mettant en œuvre une stratégie de financement ambitieuse du G5 Sahel.

Dans votre déclaration de candidature aux Sénégalais, vous estimez que le Parti démocratique sénégalais se trouve « dans l’impossibilité de se trouver un candidat ». Qu’entendez-vous par là ?

Précisons d’emblée que j’ai été membre du PDS pendant très longtemps. Mais nous savons aujourd’hui que le parti aura toutes les peines du monde à présenter son candidat à l’élection présidentielle. La nouvelle loi portant révision du code électoral impose à tout candidat d’être lui-même électeur. Et la condamnation de Karim Wade à 6 ans de prison pourrait justement l’empêcher de s’inscrire sur les listes électorales.

Quel regard portez-vous sur la déclaration de candidature de Karim Wade ?

Le débat, en ce qui me concerne, ne porte pas sur Karim Wade – je n’en dirai pas plus à son sujet. Ma candidature est fondée sur un projet en vue de construire un Sénégal nouveau, qui s’inscrit dans la lignée du libéralisme porté par l’ancien président Abdoulaye Wade. Celui-ci est mon père spirituel et le restera. Je fais simplement partie de ses fils qui ont quitté le salon familial mais qui demeurent dans la cour de la maison.

Faisant allusion à votre candidature, Abdoulaye Wade a pourtant estimé, dans un communiqué, que « son objectif réel est de disperser [sa] famille politique ». Est-ce une forme de désaveu de la part de votre mentor ?

Abdoulaye Wade, je le répète, demeure un père. Et je reste fidèle à son enseignement. Ce qui me lie à cet homme, auquel je prie le bon Dieu d’accorder longue vie, va au-delà du cadre politique. Je m’oppose d’ailleurs à ceux qui veulent instaurer un débat sur son héritage. Car il me paraît malsain de revendiquer l’héritage d’une personne encore en vie.

JA

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