Sénégal : Comment défendre un peuple qui a choisi de souffrir ? (Par Marie WADE)

28 - Juin - 2019

Si personne n’a encore fait l’état des lieux de l’après-élection au Sénégal, c’est le moment. Non pas parce qu’aujourd’hui 03 juin 2019 où grâce à la chaîne BBC Afrique la polémique du scandale de pot de vin versé par Trust Offshore au frère du Président de la République est à son summum. Mais parce que tout simplement, il faut que l’on aide ce qui ont reçu « 2 500 F Cfa et un t-shirt » à faire le suivi de leurs actions qui ont reconduit à la tête du pays son excellence Lamtoro Bour Guédé.

Entre un citoyen haut placé qui reçoit des taxes qu’on aurait promises à un Etat tout entier, ou des millions de dollars que l’on n’arrive pas à bien visualiser tant les zéros sont nombreux, ou que l’on entend parler de corruptions, encore de corruptions d’élus sénégalais nous représentant, la vieille dame de Thilogne qui il n’y a pas très longtemps arborant un t-shirt à l’effigie de notre actuel président et courant après un cortège qu’elle peinait à suivre sous le chaud soleil, la faim au ventre et pensant à ce qu’elle fera de la somme reçue, ne s’y retrouve pas tout simplement tout comme des milliers d’autres sénégalais.

Qui sont finalement, les grands gagnants des élections présidentielles passées si ce ne sont encore que les privilégiés et pas cette vieille dame de Thilogne, ou ce jeune de Pikine qui faisait signer les illettrés de son voisinage pour remplir des fiches de parrainages et toute la population qui était dehors à supporter leurs candidats lors de la campagne présidentielle ?

Malgré des accusations, allégations et le fait qu’on est pris certains d’entre eux la main dans le sac, de la campagne présidentielle passée, les candidats à la onzième élection présidentielle depuis l’indépendance ont drainé des foules monstres lors de leurs sorties publiques, leur ont promis monts et merveilles s’ils ne critiquaient pas un autre candidat pour pouvoir accéder au pouvoir sur l’ensemble du territoire sénégalais.

Auraient-ils suivi ces hommes politiques en toute connaissance de causes ou ce qu’ils leur faisaient miroiter était si parfait pour changer leur situation, pour aider ce fils du quartier à avoir rien qu’un stage, pour aider le vieux du coin à se soigner moins cher ou gratuitement ou aux femmes de ce village reculé à avoir accès au financement facilement pour pouvoir booster leurs activités et exporter enfin ou avoir non pas un mais plusieurs gynécologues dans leurs localités ? Parce que le réveil, il a été brutal pour la population sénégalaise. Elle l’a toujours été d’ailleurs après chaque alternance.

Mais nous ne pouvons-nous empêcher de recommencer à chaque élection, nous ne pouvons donner notre voix qu’au candidat qui n’est point bien pour nous. De famille en famille, l’on oublie la misère de la vie pour avancer de faux débats en faux débats, on arrive en a oublié que la somme reçue pour avoir fait le figurant a été déjà dépensé et qu’il faudrait revenir à la débrouillardise quotidienne pour faire bouillir la marmite ou pour payer une ordonnance.

Alors, la seule question qu’il y a lieu de se poser actuellement à l’aune de ce que nous font vivre nos dirigeants ou juste ce que vivent les couches défavorisées, ou comment le peuple se laisse berner par l’international, ou tous les facteurs qui nous empêchent d’être un pays développé : comment défendre un peuple qui a choisi de souffrir ?

Par Marie WADE

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