SÉNÉGAL : DE L’ADMISSION DE LA PRESSE AUX URGENCES MÉDICALES ( Par Mohamed GASSAMA)

08 - Août - 2024

Commençons par une lapalissade, c’est-à-dire, une évidence que personne ne peut réfuter : la presse sénégalaise est malade, pas de la présence d’un virus ou d’une bactérie, mais plutôt, de son propre dérèglement. Le journalisme est devenu une sorte de refuge pour les « non orientés » professionnels ou un genre de « Louma » où l’on parle de tout et de rien. Nul besoin d’être un spécialiste pour s’en convaincre. Nous y reviendrons prochainement, In Sha Allah. En attendant, intéressons-nous à la santé financière des médias, un thème qui alimente toutes les conversations et qui commande une mobilisation, tous azimuts. Ce n’est pas une vue de l’esprit et il suffit, tout simplement, de tendre l’oreille pour entendre les plaintes et complaintes ou de jeter un regard sur les journaux pour remarquer les symptômes de la souffrance. Nous nous garderons de chercher d’éventuels coupables ou de pointer du doigt un bouc émissaire. Par contre, ne tournons pas autour du pot et surtout, n’essayons pas de minimiser la douleur d’autant plus que l’on semble tomber de Charybde en Scylla. En effet, les médias, publics comme privés, sont loin de sortir de la zone de turbulence. Nous ne gagnerions rien à cacher notre maladie au médecin traitant. Partant, il sied d’accepter de dire TOUT pour que, dans les meilleurs délais, les vraies causes du malaise soient identifiées et que les meilleurs soins soient administrés. Que faire ? Agir ensemble pour trouver des solutions durables. C’est bien de tenir des conférences ou de publier des communiqués de presse mais ce serait mieux de reconnaître que le compte des médias est gravement débiteur. Sous ce rapport, nous ne pensons pas qu’il faille limiter les initiatives à de simples appels au dialogue avec le Gouvernement. De ce fait, il urge de faire des propositions concrètes aux Services compétents afin que, très rapidement, les comptes puissent passer créditeurs et que le paysage médiatique retrouve son lustre d’antan. À ce titre, usons de tous les canaux possibles et faisons appel à l’expérience des anciens. Il en existe beaucoup, à coup sûr, et la plupart partagent les mêmes groupes « Whatsapp ». Nous pensons ainsi à la médiation des doyennes et doyens des médias, en exercice comme à la retraite. Ces sages de la presse sénégalaise, qui ont fait les beaux jours de la Radio, de la Télévision et de la Presse écrite, pourraient offrir leurs bons offices. Ne dit-on pas que la presse mène à tout ? Ainsi, en compagnie d’autres bonnes volontés, ils devraient pouvoir se porter garants d’un rapprochement entre les parties prenantes. Si cela est déjà entamé, tant mieux, sachant que la Diplomatie ne se fait pas sur la place publique.
L’heure est grave et, à notre humble avis, les conséquences sont telles qu’un diagnostic, sans complaisance, s’impose. Sous ce rapport, des questions taraudent les esprits. Primo, les entreprises de presse ont-elles réellement un modèle économique digne de ce nom ?
Secundo, n’ont-elles pas trop misé sur l’aide à la presse, sur la bienveillance des régimes précédents ou sur la générosité de certains mécènes ?
En tout état de cause, force est de reconnaître qu’il y a eu faillite quelque part et que les signes avant-coureurs étaient bien visibles. En d’autres termes, bon nombre d’observateurs, du moins, ceux qui voyaient la vague arriver, ne semblent pas être surpris par cette crise. Cela dit, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de noter que cette odyssée n’enlève rien au mérite des patrons de presse d’autant plus qu’ils ont osé investir et participer à l’effort de construction nationale. En plus, tous savent que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des hauts et des bas. C’est pour cette raison que ce n’est ni le lieu ni le moment de porter des jugements. Toutefois, la crise de la presse étant dans l’agora, nous trahirions notre humanisme et faillirions à notre esprit de solidarité et de compassion, en nous croisant les bras en l’attitude stérile d’un spectateur, comme le soulignerait Aimé CÉSAIRE, homme politique et chantre de la Négritude. Naturellement donc, l’échec de la presse n’est pas un spectacle. Pire, un journal qui ferme n’est pas une pièce de théâtre qui se joue. Disons-le, sans ambages, si rien n’est fait, l’on sera obligé d’admettre la presse aux urgences médicales, étape précédant son entrée en soins intensifs, toutes choses qui nécessiteraient des opérations à hauts risques. Qu’Allah nous en préserve !
Pour éviter toute éventualité, nous demanderions, très respectueusement, à l’État du Sénégal, de continuer de jouer son rôle de protecteur et de garant du pluralisme médiatique, en veillant au Droit à l’information.
Quant aux chefs d’entreprises de presse, nous voudrions, très confraternellement, rappeler la nécessité de revenir aux fondamentaux de la gestion et de la comptabilité publique, en s’acquittant de leurs devoirs fiscaux.
QU’ALLAH FACILITE TOUT !

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

31 - Mai - 2023

FRANCE : DECES DU FILS DE KHADY THIAM

C’est un drame qui vient de frapper Khady Thiam, responsable en charge de la mobilisation de la DSE APR France. Son fils, âgé de 26 a été tué, lundi 29 mai,...

26 - Mai - 2023

Céline Dion annule ses concerts prévus jusqu’en avril 2024 pour raisons de santé

Céline Dion annule une quarantaine de concerts prévus en Europe jusqu’en avril 2024 pour des raisons de santé, ont annoncé, vendredi 26 mai, les organisateurs de...

20 - Mai - 2023

LA MORT DE MADJIGUENE CISSE, PASIONARIA DU MOUVEMENT DES SANS-PAPIERS

Militante d’extrême gauche devenue professeure d’allemand, la figure de proue de l’occupation de l’église Saint-Bernard, en 1996, est morte à Dakar le...

18 - Mai - 2023

Nécrologie: Décès de Bocar Niang garde du corps de Madame Viviane WADE VERT

Un vrai soldat est tombé. Bocar Niang fait partie des compagnons de Me Abdoulaye WADE en bon militant du Parti démocratique sénégalais face à un régime...

17 - Mai - 2023

Souleymane Cissé: il y a "un mépris" envers le cinéma africain

Une «censure» et du «mépris» empêchent la diffusion des films africains dans le monde, estime auprès de l'AFP le réalisateur malien Souleymane...