SENEGAL : LE SALUT NE VIENDRA PAS DE L’IMPLOSION DES PARTIS POLITIQUES

17 - Mai - 2018

Au Sénégal, en ce moment, l'on vend un produit virtuel relatif aux motivations de notre vote. Le slogan est : « Nous ne savons pas élire le président de notre République. »
Ce que nous savons faire contre, c'est bouter hors du palais de l'avenue Roume l'occupant et son entourage. C'est-à-dire nous élisons le premier d'entre nous par défaut. Les deux alternances fondent l'argumentaire de nos politologues.
Pourtant ils n'ont pas tout à fait raison.
La victoire de Maître Abdoulaye Wade en 2000 s'expliquait par notre rejet de vingt ans d'ajustement structurel qui avait disloqué les tissus sociaux, démantelé les axes économiques, rendu malades notre santé et notre éducation.
À cela s'ajoutent les privatisations de nos industries et surtout l'abandon de la protection de notre agriculture et la réduction drastique des fonctionnaires par des départs " volontaires" et des déflations peu crédibles.» Peu d’Etat, mieux d'Etat" conjugué à la dévaluation de notre monnaie étouffante pour notre développement avait fini par agacer les Sénégalais.
Le socialisme à la Abdou Diouf rejeté avait permis aux Sénégalais de tenter la voie libérale pour sortir de la misère.
Le verbe alléchant de Maître Abdoulaye Wade a vendu aux Sénégalais cette politique aux relents chimériques qui auraient fait de l’Europe, des États Unis d'Amérique et du Japon, les maîtres du protectionnisme qu'ils nous interdisaient.
L’arrogance, la mise en danger de nos libertés essentielles, l’impunité, la violation de nos droits élémentaires dans l'unique but de nous imposer la dévolution monarchique du pouvoir en 2012 ont motivé notre option pour la fusion du socialisme et du libéralisme dont les limites s'affichent peu à peu.
Ces limites à analyser objectivement sont une bombe à retardement qui conduit certainement le Sénégal vers la troisième alternance qui sera la volonté partagée de renouveler véritablement la classe politique.
Partout l'on dénonce la présence ou le maintien de ceux qui ont été rejetés mais qui reviennent au gré de la transhumance et des coalitions contre nature.
Il est évidemment possible que cette donne nous conduise à sanctionner ceux qui, à nos yeux, ne sont motivés que par les prébendes du pouvoir.
Il serait utopique de croire que le salut viendra de l'implosion des partis politiques comme le PS , l'AFP ou la LD dont les franges les plus importantes sont hostiles au culte de la personnalité et au pouvoir personnifié.
Il est à craindre pour l'actuel locataire de Roume fasse les frais de ce compagnonnage que beaucoup de Sénégalais ne voient pas d'un bon œil pour le reconduire.
Par ailleurs la gestion de nos ressources naturelles nouvellement découvertes est problématique du fait de l'opacité qui entoure la conclusion des contrats.
Les sénégalais jugent négativement les procédures actées qui les priveront de la jouissance des retombées attendues.
Ils pourraient rejeter ce qu'ils considèrent comme un partage inéquitable et tendancieux des richesses nationales.
Pourtant, sont nombreux les Sénégalais qui fondent un incontestable espoir sur les capacités du Président de la République, Macky Sall à tenir la flamme de l'espérance. Mais si ce dernier cède aux sirènes de la transhumance sous toutes ses formes, il pourrait en faire les frais face à un trio composé de Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Aïssata Tall Sall du fait de la disqualification de Karim Wade et Khalifa Sall dans les mailles de la justice décriée.
Nous connaissons tous et bien les affinités politiques de notre pays.
Elles sont familiales, confrériques, ethniques et culturelles.
Notre jeunesse politisée à outrance fera la différence au regard des nuages qui assombrissent son avenir dans un système éducatif en déphasage avec les vents du monde.
Les vagues de mécontentement qui secouent notre justice, notre santé et notre monde rural sont perceptibles.
Elles pourraient précipiter l'érosion des côtes du pouvoir par le vote par défaut qui ne serait qu'une sanction de la transhumance.

Birahim Camara

 

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