Sénégal : les entreprises françaises ont-elles été délibérément visées ?
Au Sénégal, où les manifestations qui ont suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko ont viré à l’émeute, plusieurs enseignes françaises ont été prises pour cible. Des pillages symptomatiques de la grogne « anti-néocolonialisme économique » portée de longue date par la jeunesse du pays.
Le 3 mars, lorsque les esprits commencent à s’échauffer et que la colère éclate à la suite de l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, la colère a indubitablement une couleur politique, les manifestants dénonçant pêle-mêle « la mal-gouvernance » et « les liquidations d’adversaires politiques par le biais de la justice ». Mais la situation évolue ensuite rapidement à mesure que Dakar et d’autres grandes villes du pays s’embrasent.
Les raisons de la colère
Car si l’interpellation de l’opposant numéro un de Macky Sall a fait office de détonateur, les raisons de la colère vont bien au-delà des démêlés judiciaires du leader du parti Pastef. Dans le maelström de violences qui ont éclaté, faisant au moins cinq morts parmi les manifestants selon le bilan officiel (et huit selon Amnesty International), des images ont particulièrement retenu l’attention : des scènes de pillage et d’incendie visant les magasins Auchan ou les stations-service Total laissent penser que la grogne serait teintée d’un sentiment anti-français. Au total, 21 grandes et moyennes surfaces auraient été saccagées et pillées et deux au moins, incendiées. Douze stations Total ont été également été prises pour cible, selon le ministère sénégalais du Commerce.
Jeune-Afrique