Seydi Gassama sur l’existence de mineurs à Reubeuss : «Nous n’avons jamais été autorisés à visiter la prison»

22 - Février - 2024

La libération massive de détenus est plus une volonté de décrisper la tension politique. Les organisations de défense des droits de l’homme ne sont pas autorisées à visiter pour s’enquérir des conditions de détention de Rebeuss et pour voir s’il y a ou non des mineurs dans cette prison. C’est en ces termes que le Directeur exécutif d’Amnesty international Sénégal, Seydi Gassama, décrypte la sortie du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, qui a nié l’incarcération d’enfants dans le cadre des manifestations politique.

Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, a réfuté, en conférence de presse avant-hier, mardi 20 février 2024, l’existence de détenus mineurs à la Maison d’arrêt de Reubeuss, malgré les déclarations d’anciens pensionnaires de ce lieu de détention, soutenant le contraire. Le Directeur exécutif d’Amnesty international section Sénégal, Seydi Gassama, interrogé sur la question, déclare : «on ne peut pas infirmer ni confirmer qu’il y a des détenus mineurs à Reubeuss».

La raison est, dit-il, que «nous n’avons jamais été autorisés à visiter Reubeuss. J’y étais une seule fois et c’est au début des années 2000. Depuis lors, nous n’avons jamais été autorisés, dans le cadre de notre travail, à visiter Reubeuss. Au mois d’avril passé, on avait l’autorisation d’y aller. Quand nous sommes arrivés, on nous a dit qu’on ne peut pas accéder à la détention pour discuter et rencontrer les détenus, comme nous le faisons dans toutes les prisons du Sénégal. Aucune ONG n’accède dans la détention, c’est-à-dire dans les cellules pour voir, interroger les détenus».

S’agissant des enquêtes sur les décès de manifestants, Seydi Gassama estime que, le ministre de la Justice n’a rien dit de nouveau. «Elle a fait le discours que tous les autres Gardes des Sceaux ont tenu dans le passé à savoir que des enquêtes sont ouvertes. Elles le sont à la suite des plaintes déposées par les familles des victimes. Amnesty et d’autres organisations comme la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) qui ont assisté les familles à porter plainte auprès du cabinet d’instruction. Mais, pour les cas de mars 2021, aucun acte d’instruction n’a été posé», affirme-t-il.

Seydi Gassama a trouvé, par ailleurs, que la conférence de presse d’Aïssata Tall Sall était nécessaire. «Dans le contexte actuel où on observe des libérations massives de détenus, il est nécessaire d’éclairer les Sénégalais sur les conditions dans lesquelles ces libérations ont lieu. Beaucoup de personnes pensent que les prisons ont été ouvertes et on a demandé aux gens de rentrer chez eux, sans que les procédures en vigueur soient respectées. Il était bon d’apporter ces précisions, pour éviter que la justice incarnée par les magistrats ne soit discréditée», soutient-il en qualifiant l’exercice, «d’une très bonne sortie».

Même si le défenseur des droits de l’homme trouve opportune le face avec face du Garde des Sceaux avec les journalistes, il n’est toutefois pas convaincu par les informations transmises. «Nous avons beaucoup de réserves quant au fond. Les libérations qui ont eues lieu, justifiées par la nécessité de désengorger les prisons, ne sont pas les vraies raisons. Cela fait des années que nous décrions les longues détentions préventives, les conditions à Reubeuss. Je pense clairement que ces libérations entrent dans le cadre des mesures préconisées par le président de la République, Macky Sall, lors du Conseil des ministres du 7 février», estime Seydi Gassama qui rappelle qu’à cet effet, le chef de l’Etat, Macky Sall, disait avoir donné instruction au Garde des Sceaux, de prendre des mesures destinées à décrisper la situation politique. Seydi Gassama reconnait, par ailleurs, qu’Aïssata Tall Sall a comme préoccupation d’éviter que les gens soient détenus pendant longtemps sans être jugés.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

14 - Avril - 2023

Les travailleurs de l’aviation civile de l’AIBD menacent Macky et son régime: « nous connaissons tous les secrets des autorités »

A l’occasion d’un point de presse tenu ce jeudi 13 avril, l’intersyndicale des travailleurs de l’aviation civile et du secteur des transports aériens qui englobe...

14 - Avril - 2023

Assises nationales des médias : Les maux qui gangrènent le secteur au cœur des débats

L’Associations de presse du Sénégal (CAP) a tenu jeudi une assemblée générale d’information sur les Assises nationales des médias pour...

13 - Avril - 2023

Sénégal : A l’approche des élections, les rois d’Oussoye et du Sine lancent une caravane pour la paix

Au Sénégal, ils sont rois au sein de la République : les souverains d’Oussouye, en Casamance, et du Sine, en pays sérère, ont annoncé, mardi 11...

12 - Avril - 2023

Procès en appel de l'affaire Bofa-Bayotte : René Capain Bassène et Oumar Ampoy Bodian à la barre, le 19 mai

Le procès en appel des condamnés de l'affaire Boffa Bayottes aura lieu le 19 mai prochain. Mais ce sera sans César Atoute Badiate, jugé par contumace et condamné...

12 - Avril - 2023

SETER: Maty Gningue a été finalement licenciée, le TER perturbé

Maty Gning n'est plus agent de la Société d'exploitation du Ter de Dakar (Seter). Elle s'est vue notifier hier la fin de son contrat. Ce, alors que son Cdd qui expire devait...