STAINS : LA JUSTICE REFUSE QU’IL SE RENDE A L’ENTERREMENT DE SON FRERE AU SENEGAL

31 - Juillet - 2019

Dans la nuit du 15 au 16 juillet, cité du Clos Saint-Lazare à Stains, deux jeunes hommes de 29 et 26 ans sont mortellement fauchés par plusieurs rafales d'arme lourde. Un troisième est gravement blessé.

Quinze jours plus tard, alors que l'enquête est toujours en cours, c'est le temps des adieux : l'enterrement du plus âgé des trois hommes aura lieu ce mercredi au Sénégal, le pays d'origine de sa famille.

Condamné dans une affaire de stupéfiants

Mais son frère aîné, jugé l'an dernier dans une affaire de trafic de stupéfiants, ne pourra y assister. En décembre 2018, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Bobigny à trente mois de prison. Il n'est pour l'instant pas détenu, dans l'attente d'une convocation du service d'application des peines du Val-d'Oise, département où il réside. Les juges avaient assorti cette peine d'une interdiction de quitter le territoire français pendant cinq ans.

Il espérait tout de même pouvoir assister aux obsèques de son jeune frère. Son avocat avait, dans ce sens, écrit au parquet de Bobigny et avait transmis les billets d'avion préréservés, aller et retour. La réponse est tombée en fin de semaine dernière : demande refusée.

« C'est totalement injuste »

Me Steeve Ruben, ne décolère pas : « C'est totalement injuste. Mon client le vit très mal, il n'arrive pas à y croire. La justice ne peut pas refuser à un homme la possibilité de quitter le territoire pour dire adieu à son frère, c'est faire totalement abstraction d'une situation imprévisible. C'est une décision dénuée de toute humanité. »

« Le tribunal correctionnel est intelligent : s'il a prononcé cette condamnation, aussi sévère, c'est qu'il a de bonnes raisons, la décision de justice doit s'appliquer, commente une source judiciaire. C'était sans doute un peu tôt pour envisager une mesure exceptionnelle. »

« L'appréciation se fait, chaque fois, au cas par cas »

Jacky Coulon, secrétaire général de l'Union syndicale des magistrats (USM), explique que ce cas de figure est assez rare : « D'habitude, on a le schéma inverse : une personne est incarcérée et demande à sortir pour assister à des obsèques. Alors le juge d'application des peines est saisi : il peut accepter ou refuser s'il y a un risque d'évasion ou de renouvellement des faits. L'appréciation se fait, chaque fois, au cas par cas. »

À l'automne 2015, la décision d'un juge d'application des peines de l'Isère avait provoqué la fureur d'une cinquantaine de personnes qui avaient notamment incendié des palettes et des voitures, semant la pagaille dans la petite ville de Moirans. Cette fois-là, la justice avait refusé à un jeune homme de 24 ans, incarcéré, de se rendre aux obsèques de son jeune frère.

Leparisien 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

24 - Juillet - 2024

Procès en appel dans l'affaire de Boffa-Bayotte : forte mobilisation des familles et amis des détenus

Le procès en appel de l'affaire de la tuerie de la forêt de Boffa-Bayotte, dans la région de Ziguinchor (sud), débute ce mercredi. Dès 8 heures, la salle...

23 - Juillet - 2024

L’Etat devra sévir ! Aucun franc ne devrait rester entre leurs mains (Fadilou Keïta)

« Ces messieurs qui nous ont précédés ont sciemment distribué nos milliards avec une désinvolture inqualifiable ». Une déclaration du...

23 - Juillet - 2024

Rapport sur l’emploi 2023 : 61.036 contrats de travail visés, dont 30.999 CDD et 19.159 CDI

Le Rapport annuel des Statistiques du travail de l’année 2023 a été publié hier, lundi 22 juillet 2023. Il ressort du document un total de 61.036 contrats de...

22 - Juillet - 2024

Mbour : Les Vacances agricoles 2024 officiellement lancées à Roff

Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, Mabouba Diagne, et son homologue de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène...

22 - Juillet - 2024

Conseil supérieur de la magistrature : Les magistrats veulent que le chef de l'Etat reste à la tête

Les magistrats ont exprimé leur position au sujet d’une éventuelle réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Ils ont pris position «avant...