TCHAD : DEBY PROCLAME GAGNANT DE LA PRESIDENTIELLE, SON PREMIER MINISTRE CONTESTE
C’est la surprise au Tchad : trois jours seulement après le vote pour la présidentielle, l'annonce est tombée hier soir à Ndjamena. Le président de la transition, Mahamat Idriss Déby, a été proclamé vainqueur, dès le premier tour par l'Agence nationale de gestion des élections (Ange), selon des résultats provisoires.
La commission électorale a annoncé dans la soirée du jeudi 9 mai que Mahamat Idriss Déby Itno a été élu dès le premier tour du scrutin avec 61 % des suffrages. Son Premier ministre, l’opposant Succès Masra, conteste les résultats. Le jeune leader du parti des Transformateurs, 40 ans lui aussi, s’est vu attribuer 18,5 % des voix par la commission électorale (avec un taux de participation annoncé de 75,9 %). Quelques heures avant la proclamation, il avait lui-même revendiqué la victoire dans un discours ampoulé diffusé en direct sur Facebook, accusant le camp du pouvoir de fraude massive. « Nous avons vaincu, grâce au peuple, qui nous a mis en tête dès le premier tour au regard des vérités des urnes centralisées, compilées à plus de 90 %, affirmait-il. Au moment où je vous parle, un petit nombre d’individus a décidé de refuser la volonté du plus grand nombre et veut inverser l’ordre des choses. Ces individus se trompent. Pas seulement sur le résultat des élections. Mais sur leur capacité à pouvoir la voler. »
L’opposant a appelé ses partisans à se mobiliser le lendemain, «en étant debout dans tout le Tchad, pacifiquement, dès 7 heures» : «Faites-le dans le calme et montrez votre nombre, vous qui voulez le changement et qui avez permis à ce changement d’être victorieux dans les urnes», a-t-il ajouté. Ce vendredi 10 mai, à la mi-journée, aucun rassemblement n’était signalé dans les rues de la capitale. Des blindés et des pick-up des forces de l’ordre étaient déployés autour du siège des Transformateurs. Les coups de feu tirés dans la nuit par les militaires et les partisans du régime étaient autant des manifestations de joie qu’un avertissement lancé à l’opposition.