TÉMOIGNAGE. « Partir et raconter. Une odyssée clandestine », de Mahmoud Traoré et Bruno Le Dantec

11 - Mai - 2017

Prendre le temps de raconter, par le menu, les trois années qui lui ont été nécessaires pour parcourir le trajet qu’un touriste fait en trois heures. C’est ce qu’a entrepris Mahmoud Traoré, aidé de Bruno Le Dantec, qui a couché son aventure sur le papier : le Sénégal, l’Espagne, de 2002 à 2005.

Après la lecture de Partir et raconter, le mot « aventure » semble d’ailleurs un peu déplacé avec sa petite nuance d’exaltation. Point de griserie ici, et aucun enseignement dans ce long périple. Ou un seul peut-être : Mahmoud Traoré sait aujourd’hui deviner, mais au prix de combien de méchantes duperies, les intentions des gens à leur premier geste. Racisme, lâcheté, tromperie, voilà ce dont il a surtout fait l’expérience.
Narrées dans le détail, les scènes de cette vie sont cruelles : l’arrivée dans les villes étapes, les foyers sordides et payants, organisés par nationalité, les rumeurs, l’unique téléphone public, les petits boulots toujours plus rudes, l’argent qu’il faut donner partout, la faim, les blessures…
Le plus frappant reste la camaraderie, la solidarité des compagnons de fortune que Mahmoud Traoré rencontre, perd de vue et recroise à chaque étape. Le seul élan humain d’une tribulation qui se termine avec le passage en force de grillages, un assaut resté dans les mémoires pour avoir été fortement médiatisé. L’auteur, lui, était sur les grilles, chancelantes sous le poids des corps : « Encore aujourd’hui j’ai en tête le crissement des vêtements se déchirant sur les barbelés. »

Lemonde

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Février - 2022

LA GRACE DES « LIEUX QU’HABITENT MES REVES », LE DERNIER ROMAN DE FELWINE SARR

Dès le titre, Les lieux qu’habitent mes rêves, un charme tout particulier se dégage du dernier roman de l’écrivain et penseur sénégalais...

19 - Février - 2022

Burkina : décès à Paris du président du Conseil constitutionnel

Le président du Conseil constitutionnel du Burkina Faso, Kassoum Kambou, âgé de 66 ans, est décédé samedi à Paris ans où il avait...

17 - Février - 2022

Necrologie: L’ancien ministre Pape Ousmane Sakho n'est plus

L’ancien ministre de l’Économie, des finances et du Plan (juin 1993-janvier 1998) sous le régime socialiste, Pape Ousmane Sakho, est décédé, mercredi...

14 - Février - 2022

NECROLOGIE : LE PERE DE ASSOME AMINATA DIATTA N'EST PLUS

C'est avec une grande tristesse que nous venons apprendre le décès de Moussa DIATTA, père de Mme Aminta Assome DIATTA. Décès survenu dans la nuit du...

10 - Février - 2022

LE PROFESSEUR LUC MONTAGNIER, PRIX NOBEL DE MEDECINE, EST DECEDE

Le professeur Luc Montagnier, qui avait reçu le prix Nobel de médecine en 2008, est décédé mardi à l’âge de 89 ans à l'hôpital...