Violentes manifestations au Sénégal : éléments de contexte ( Par Abdou Sané )

16 - Mars - 2021

Depuis son accession au pouvoir, le président Macky Sall et son gouvernement peinent à atteindre leurs objectifs de développement. Les violentes convulsions notées ces derniers jours sont révélatrices du fossé grandissant entre les attentes des populations et les résultats enregistrés à travers la mise en œuvre des politiques publiques.
L’accumulation de ces échecs a pour conséquences, l’accumulation des frustrations à l’origine des soulèvements sociaux suivis de répression, menaçant ainsi la principale richesse de notre pays : la paix et la stabilité.
Aujourd’hui l’image de notre cher pays reste écornée sous l’effet combiné de plusieurs facteurs dont entre autres les violences meurtrières, qui ont ensanglanté nos glorieuses et historiques trajectoires blanches… Notre rayonnement légendaire se trouve ainsi entaché de sang… Notre prestige de république de référence en Afrique, sauvagement secoué avec les sorties désespérées et chaotiques du ministre de l’Intérieur, de celui des Affaires Etrangères et de celui de la Justice.
Qu’est ce qui peut bien aider à comprendre cette situation inédite ?
La volonté supposée de Macky Sall d’être candidat à un troisième mandat, la confiscation des libertés individuelles et collectives, l’intolérance, le pilotage à vue érigé en mode de gestion, le manque de cohérence des outils et des stratégies de développement dans un contexte d’adoption du Plan Sénégal Emergent, des Objectifs du développement durable, et du renforcement de la décentralisation sont à l’origine des graves menaces qui pèsent sur notre beau pays. L’étincelle est venue de l’acharnement vulgaire des autorités contre le président Ousmane Sonko en sous estimant son envergure et ses capacités de résistance.
Dans les débats radio télévisés, les partisans de la mouvance présidentielle, depuis un certain temps évoquent la croissance démographique pour justifier les contreperformances des politiques publiques mises en œuvre. Et ce après avoir tenté d’incriminer le président du PASTEF Ousmane Sonko fortement soutenu par une jeunesse ayant perdu tout espoir ; une jeunesse sans perspective.
En réalité cet argument démographique nous parait impertinent. Les taux de croissance faible sont structurels : mal gouvernance des ressources, corruption, prédation liée aux rentes, conflictualités socioéconomiques et spatiales, extraversion des élites, déficiences liées aux infrastructures, faiblesse de la productivité, insertion asymétrique dans les échanges internationaux.
A moins d’examiner la question de manière simpliste, il n’est pas établi que l’accélération de la transition démographique soit la solution à la faiblesse des taux de croissance du Sénégal.
Les défis de la démographie pour la croissance se trouvent ailleurs.
Monsieur Abdou Sané Géographe- Environnementaliste
Président de la commission environnement et aménagement du territoire, domaines, urbanisme et habitat du Conseil Départemental de Ziguinchor.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

08 - Juin - 2023

Manifestations entre le 1er et le 3 juin : Le gouvernement annonce des « enquêtes » sur « une violence sans précédent »

Le gouvernement sénégalais a annoncé mercredi soir des « enquêtes judiciaires immédiates » sur les troubles « d’une violence sans...

08 - Juin - 2023

Tensions politiques : Amnesty international annonce 23 morts et accable l’État et les FDS

Le bilan macabre des récentes manifestations qui ont éclaté après la condamnation de Ousmane Sonko, serait sous-estimé. La barre des 16 morts, annoncée...

08 - Juin - 2023

La Correspondance de l’avocat de Sonko à Antoine Diome

Face à l’impossibilité de pouvoir voir son client Ousmane Sonko, Me Ciré Clédor Ly a écrit au ministre de l’Intérieur Antoine Félix...

08 - Juin - 2023

ACTES DE VANDALISME DANS LES CONSULATS : SOS CASAMANCE « DENONCE AVEC VEHEMENCE »

SOS Casamance tape du poing sur la table. Dans un communiqué signé par son délégué général, Amadou SYLLA, l’organisation «...

07 - Juin - 2023

CORRUPTION DE LA JEUNESSE, CORRUPTION DU DROIT, HYMNE A LA JEUNESSE! (PAR MAITRE FRANÇOIS SERRES)

Difficile comme juriste, avocat, au passage de l’Université Cheikh Anta Diop, qui doit pleurer à chaude larmes, sur cette corniche, entre deux pavés de mémoire,...