Ziguinchor : Des munitions de chasse françaises ont été utilisées contre des manifestants
Mediapart, le très redouté journal d’information numérique, indépendant et participatif français, a tenté de percer le mystère des armes utilisées lors des manifestations du 23 mai à Ziguinchor.
Nos confrères, qui ont mené une longue enquête, révèlent avoir obtenu des photographies et vidéos prises par des manifestants qui disent avoir été visés par des tirs ce jour-là.
Sur les images, on distingue des cartouches au culot gravé du chiffre douze (12) et de plusieurs étoiles. Un signe distinctif des produits Cheddite, indique le journal, se référant à la page d’accueil du site internet du fabricant.
Comment des culots de la société Cheddite, qui se revendique comme le premier fabricant français de douilles et d’amorces pour des car- touches utilisées pour la chasse et le ball-trap, se sont- ils retrouvés mêlés à cette scène de violence urbaine.
Silence radio à la douane sur l’importation des armes de chasse
Le journal relève dans son enquête des anomalies quant à la présence de ces armes de chasse, car au même titre que le matériel dédié au maintien de l’ordre, les munitions de chasse ne sont pas considérées comme des armes de guerre, mais comme des armes civiles.
Ce qui veut dire que les demandes d’exportation seront sous la responsabilité du service des autorisations de mouvements internationaux d’armes (Samia), dépendant de la Direction générale des douanes. Interrogée par nos confrères, la Douane française se contente de rappeler que les exportations d’armes civiles doivent être autorisées par l’octroi d’une licence d’exportation d’armes à feu, et qu’«aucune exportation d’armes, munitions ou leurs éléments ne peut être réalisée» à destination de pays «soumis à des mesures de restrictions sur les armes».
Boite noire
Deux dirigeants de Cheddite, Gilles-Antoine Roccia, président du directoire de Sofisport, président du conseil d’administration de Nobel Sport, directeur général de Cheddite France (contacté par e-mail le 21 juin, relancé le 22 et le 3 juillet), et Serge Aubanel, secrétaire général dé Cheddite France (contacté le 3 juillet par email). Mais ces derniers n’ont pas répondu à leurs questions.
Médiapart a également sollicité le gouvernement sénégalais par l’intermédiaire des chargés de communication du ministère de l’Intérieur (contacté par sms les 21, 22, 23 juin et 2 juillet), de la gendarmerie nationale et de la présidence sénégalaise. Ils n’ont pas non plus répondu à leurs sollicitations.