100 millions volés à Ouakam : La fuite d'information qui a aidé les braqueurs et la trahison qui a permis de mettre la main sur les malfaiteurs
Le 21 mars dernier, un braquage spectaculaire s'est produit en plein jour sur la Corniche Ouest de Dakar. Mady Ndiaye, convoyeur de fonds, a été violemment attaqué par un gang de scootéristes, qui a réussi à s'emparer d'un butin colossal de 100 millions de francs CFA. Toutefois, comme le révèle L’Observateur, ce crime n’aurait jamais été possible sans une trahison interne. Un proche du propriétaire de l’argent, Cheikh Badiane, aurait joué un rôle clé dans la fuite d’informations ayant précipité l’arrestation des malfaiteurs et la récupération partielle du butin.
Dans le secteur du transfert d’argent, la discrétion est primordiale. Pourtant, cette affaire a révélé que la menace pouvait venir de l’intérieur. Cheikh Badiane, détenteur des 100 millions, avait confié à son employé Mady Ndiaye la mission de retirer l'argent à la banque FBN aux Almadies. Ce qu’il ignorait, c’est qu’un de ses proches collaborateurs, Abdoulaye Badiane, avait divulgué cette information à Souleymane Ba, cerveau présumé du braquage.
Dès le 15 mars, soit six jours avant l'attaque, Ba rassemble une équipe de malfaiteurs : Kéba Sall, Cheikh Moussa Sidibé, Samba Ndao Gnang alias "Paco", Makhtar Diop dit "Ada Fass", et un individu identifié uniquement par l'initiale F., toujours en fuite. Grâce aux renseignements précis fournis par le "mouchard", ils savent exactement où et quand frapper.
Un braquage exécuté avec précision
Le jour du crime, le plan est exécuté sans accroc. Mady Ndiaye quitte la banque avec le sac contenant les 100 millions et emprunte la Corniche Ouest sur son scooter. Il est rapidement suivi par trois motos. À hauteur de la mosquée de la Divinité, un violent choc le projette au sol. Désorienté par la surprise et la douleur, il est immédiatement roué de coups par deux assaillants qui lui arrachent son sac avant de prendre la fuite.
Après le braquage, le gang se retrouve dans une chambre louée pour l’occasion afin de partager le butin. Toutefois, l’euphorie cède vite la place aux tensions. Selon L’Observateur, Kéba Sall et Cheikh Moussa Sidibé, arrivés en premier, auraient subtilisé une partie de l'argent avant l'arrivée des autres. Finalement, Souleymane Ba empoche 15 millions, Makhtar Diop récupère 12 millions, et les autres membres se partagent le reste.
Cependant, au lieu de rester discrets, certains commencent à dépenser et à transférer des fonds. Makhtar Diop envoie 10 millions à un complice, Papa G. Sarr, qui en transfère à son tour 2 millions à un certain Youssou Ba. Une imprudence qui attire l’attention des enquêteurs.
En seulement six jours, la Division des investigations criminelles (DIC) parvient à remonter la piste des malfaiteurs. Kéba Sall et Cheikh Moussa Sidibé sont les premiers arrêtés. Des perquisitions permettent de récupérer 41,2 millions de francs CFA dissimulés à divers endroits, notamment chez la compagne de Kéba Sall à Pikine et dans le salon de Makhtar Diop, qui avait déjà utilisé une partie de l'argent volé pour acheter une moto Honda.
Se sentant traqué, Souleymane Ba finit par se rendre après que son père, qui avait reçu 1,95 million issu du braquage, soit arrêté. Toutefois, trois membres du gang restent en fuite et une partie du butin demeure introuvable.
Une leçon amère pour le propriétaire des fonds
Bien que la plupart des coupables aient été identifiés et interpellés, cette affaire illustre l'impact dévastateur d’une trahison interne. Sans la fuite d’informations orchestrée par Abdoulaye Badiane, le braquage n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Ironiquement, ce ne sont pas les forces de l’ordre qui ont causé la chute des criminels, mais leur propre désorganisation. Entre ceux qui ont trop parlé, ceux qui ont dépensé imprudemment et ceux qui ont voulu prendre l’ascendant sur leurs complices, le plan parfait s’est rapidement transformé en fiasco. Un rappel que, dans le crime comme dans la vie, une confiance mal placée peut coûter très cher.