« 99 % des œuvres d’art classique africain sont aujourd’hui hors d’Afrique »
Le galeriste congolo-belge Didier Claes regrette le fait que l’essentiel du patrimoine africain se trouve hors du continent.
« Le continent a été vidé de son art pendant un siècle. Les explorateurs ont rapporté peu de pièces, car les autochtones étaient alors très protecteurs de leurs objets. Mais il y a eu trois grandes vagues de disparition des œuvres d’art par la suite : la première, quand l’administration coloniale décide de mettre fin aux croyances africaines. Beaucoup de pièces ont été brûlées. La deuxième grande vague, c’est celle menée par les pères blancs, les jésuites, qui collectaient avec la complicité de l’administration coloniale. Pendant un demi-siècle, entre 1890 et 1930, voire 1940, il y a eu une politique de collecte massive à travers tout le continent, a-t-il déploré dans un entretien avec Le Monde.fr. L’administration coloniale rassemblait aussi des pièces pour les musées, comme Tervuren. Enfin, après les indépendances, les marchands arrivent, notamment lors des conflits comme la guerre du Biafra. Et ils font sortir les toutes dernières œuvres cachées. On connaît alors une vague de sortie très importante de pièces acquises sur place. A quoi s’ajoutent nos propres fautes, nos guerres tribales, pendant lesquelles les œuvres disparaissent, pourrissent, etc. Le continent se retrouve vidé de son patrimoine : 99 % des œuvres d’art classique africain sont aujourd’hui hors du continent. L’Afrique comme aucune autre civilisation ne peut avancer si on lui kidnappe son passé, sa culture. Or, là, c’est un kidnapping complet ! », a-t-il souligné.
Lamine Sow