Affaire Prodac : le rapport de l'expert-comptable, un verdict en suspens pour Mamina Daffé et Ibrahima Cissé
'ancien coordonnateur du Programme des domaines Agricoles Communautaire (PRODAC), Mamina Daffé, et son co-accusé, Ibrahima Cissé, devront patienter quarante jours de plus avant de connaître les conclusions du rapport de l'expert-comptable chargé d'examiner leur dossier. Le juge d'instruction du parquet financier a rendu, le 18 mars dernier, une ordonnance prolongeant le délai de la mission confiée à Abdoulaye Dramé. Initialement attendu dans les soixante jours suivant leur placement sous mandat de dépôt, ce rapport ne sera finalisé qu'au terme de cette prolongation, comptée à partir du 18 mars, rapporte L'Observateur dans sa parution du jour.
Derrière les murs de leur cellule, Mamina Daffé et Ibrahima Cissé, détenus depuis le 11 novembre 2024, font face à de lourdes accusations. Mamina Daffé est poursuivi pour complicité d'escroquerie portant sur des deniers publics et blanchiment de capitaux. Ibrahima Cissé, quant à lui, est inculpé pour escroquerie sur des fonds publics, faux et usage de faux en écritures privées de commerce ou de banque, ainsi que pour blanchiment de capitaux. Au cœur de l'affaire, un préjudice estimé à 682 118 742 FCFA. L'expertise comptable prolongée révélera-t-elle des éléments décisifs ? Pour les deux détenus, l'incertitude demeure, tandis que l'ombre du verdict plane encore.
Le 6 janvier 2024, un tournant majeur avait été franchi dans l'enquête. Le magistrat du parquet financier avait alors désigné le cabinet Audit et Expertise (ADR), dirigé par Abdoulaye Dramé, pour mener une expertise détaillée. Sa mission : déterminer si les activités des entreprises Tida et Itaa étaient conformes au contrat relatif au transit des équipements du port de Dakar vers leurs sites finaux. L'expert devait également examiner les diligences effectuées par ces sociétés et analyser les factures validées ayant donné lieu à un paiement, en les comparant aux tarifs habituellement pratiqués sur le marché. Faute de conclusions dans le délai imparti, la justice a accordé quarante jours supplémentaires. Une décision qui laisse augurer que les résultats de cette expertise auront un impact direct sur les charges retenues contre les accusés.
Aux origines de l'affaire
L'arrestation de Mamina Daffé est intervenue après la saisine de la Division des investigations criminelles (DIC) par l'Agent judiciaire de l'État, faisant suite à un rapport de la Cour des comptes. Ce document l'épinglait, ainsi qu'Ibrahima Cissé, pour des irrégularités dans la gestion des fonds publics. Dans ses déclarations, Mamina Daffé a affirmé avoir agi sous instruction du ministère chargé de l'Emploi sous la présidence de Macky Sall. Selon lui, une correspondance du 11 mai 2018 émanant du cabinet du ministre de l'Emploi, de l'Insertion professionnelle et de l'Intensification de la main-d'œuvre lui ordonnait de faire transiter les marchés par le service de passation des marchés du Prodac. Cette décision s'inscrivait dans le cadre d'une autorisation du ministre de l'Économie, des Finances et du Plan, permettant de prélever 500 millions de FCFA sur le compte de dépôt du Prodac pour couvrir des dépenses de gestion de 2017 et 2018.
Pour la Cour des comptes, ces procédures ne respectaient pas les règles en vigueur. Selon elle, les marchés auraient dû être attribués via la Commission des marchés du ministère, conformément à l'article 35 du Code des marchés publics, et non par celle du Prodac, comme stipulé par le décret 2014-1212 du 22 septembre 2014.
Les prochaines semaines seront déterminantes. Le rapport d'expertise attendu pourrait faire basculer le dossier et préciser les responsabilités de Mamina Daffé et d'Ibrahima Cissé dans cette affaire aux enjeux majeurs.