BBY FRANCE : L’HYPOCRITIE DE L’INDIGNATION SELECTIVE
« Nous déplorons la lâcheté d'individus établis à l'étranger et particulièrement en France qui appellent à brûler le pays, en usant de fake-news éhontées. Nombreux parmi eux ne possèdent plus la nationalité sénégalaise. Ils se targuent d’être des patriotes alors qu’ils ne possèdent ni carté d’identité ni passeport sénégalais. Evitons le patriotisme de circonstances comme le disait cheikh Anta DIOP », lit-on dans un communiqué de BBY France transmis à Infos15.
Le moins qu’on puisse dire est que la coalition présidentielle est tombée bas dans l’hypocrisie de l’indignation sélective. En effet, les archives de l’histoire politique récente du Sénégal renferment beaucoup de témoignages qui montrent que ceux qui s’indignent aujourd’hui étaient des « pyromanes » invétérés. Leur détermination à noircir le bilan du président Wade ne fléchissait devant aucun appel à l’apaisement, à la préservation des intérêts nationaux. Inutile de fouiller longtemps dans les archives politiques du Sénégal pour retrouver leur passé d’incendiaires. Qui n’a pas en mémoire la mise à sac du consulat du Sénégal à Paris, les déclarations incendiaires pendant les émeutes de l’électricité au Sénégal ? Les exemples sont nombreux !
Appeler à brûler le pays, si appel il y a, est à condamner. Comme nous devons condamner aussi la versatilité des responsables de BBY France. Renoncer à ses principes ou les adapter en fonctions de ses intérêts du moment, n’a rien de patriotique.
Claparède, un éminent pédagogue, avait beaucoup disserté sur la « probité ». Je ne peux m’empêcher d’exhumer une partie de ses idées rapportées par Philippe Meirieu pour éclairer la lanterne des responsables de BBY France. La probité, expliquait-il, nous invite au respect du principe d’impartialité lequel nous appelle à « employer la même balance pour peser les actes de nos amis et de nos adversaires ». Il y a aussi le principe d’équité, qui signifie qu’on ne doit pas renoncer à une idée, « juste parce qu’elle est soutenue par un adversaire, ni défendre une thèse contraire à nos principes parce qu’elle est soutenue par nos amis ». Quant au principe d’information intégrale, il nous invite à ne pas « dissimuler une partie de la vérité au détriment d’un adversaire ou en faveur d’un partenaire est faire un faux ».
L’adversité politique est consubstantielle à la démocratie, mais pour qu’elle contribue à l’élévation de la société, elle doit se faire à la loyale.
Cheikh Sidou SYLLA