«C’EST LE SYSTEME JUDICIAIRE SENEGALAIS QUI POSE PROBLEME»
Le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), Assane Dioma Ndiaye, pense que le fait que les enquêtes sur les morts en détention qui n’aboutissent pas, est à voir avec des manquements dans le système judiciaire.
Evidemment, c’est un vrai problème qui fait que souvent c’est des dossiers qui peinent à connaitre des issues. De façon générale, c’est le système judiciaire sénégalais qui pose problème. Donc, il n’y a pas suffisamment de garde-fous ou de bonnes pratiques qui permettent d’avoir une justice efficiente. On a une justice très archaïque et on n’essaie pas de faire des plus-values. On s’accroche à des pratiques surannées, dépassées, anachroniques. On n’ouvre une enquête, mais on ne se soucie pas de l’essentiel. Il ne suffit pas d’ouvrir une enquête mais, il faut que l’enquête soit indépendante et impartiale.
L’enquête en soi, n’est pas quelque chose d’extraordinaire dans un état de droit ou dans un état organisé. Mais le plus important, c’est vraiment qu’on respecte les standards internationaux. C’est-à-dire qu’on essaie de faire autant que possible pour que la lumière éclate. Souvent, on cherche à amuser la galerie. Mais, en réalité, on n’est pas disposé à avoir une justice qui puisse apaiser les citoyens. Le plus important dans la justice, ce n’est pas que les citoyens aient gain de cause, mais au moins que les citoyens croient en leur justice. Pour cela, il faut les convaincre. Et pour les convaincre, il faut donner des gages d’un procès juste et équitable. Malheureusement, on n’arrive pas à faire de pas supplémentaires. On est toujours à l’étape grégaire et c’est extrêmement préoccupant.».