«C’EST LE SYSTEME JUDICIAIRE SENEGALAIS QUI POSE PROBLEME»

31 - Août - 2019

Le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), Assane Dioma Ndiaye, pense que le fait que les enquêtes sur les morts en détention qui n’aboutissent pas, est à voir avec des manquements dans le système judiciaire.

 «Souvent, c’est des enquêtes très compliquées parce que ce sont les enquêteurs de l’Administration pénitentiaire qui sont habilités à faire les premières enquêtes (constats). Maintenant, à partir de ces premières constatations, il est difficile d’avoir une objectivité car, le corps impliqué est luimême auteur ou acteur principal de cette enquête. Ce qui peut créer un bonus, ce sont les témoignages des détenus qui sont présents au moment des faits. Là aussi, il faut avoir la chance d’avoir des détenus qui sont dehors et qui acceptent de témoigner. Mais c’est rare quand-même qu’on puisse avoir des éléments objectifs qui permettent de jauger de l’objectivité des enquêtes puisqu’à chaque fois c’est le corps luimême qui fait l’enquête. Il y a des suspicions légitimes de la part des victimes. Par exemple, dans l’affaire Ibrahima Mbow, on pouvait savoir, a priori, parmi les éléments qui étaient là, qui avaient des balles manquantes. Ça aurait permis de faire avancer l’enquête.

Evidemment, c’est un vrai problème qui fait que souvent c’est des dossiers qui peinent à connaitre des issues. De façon générale, c’est le système judiciaire sénégalais qui pose problème. Donc, il n’y a pas suffisamment de garde-fous ou de bonnes pratiques qui permettent d’avoir une justice efficiente. On a une justice très archaïque et on n’essaie pas de faire des plus-values. On s’accroche à des pratiques surannées, dépassées, anachroniques. On n’ouvre une enquête, mais on ne se soucie pas de l’essentiel. Il ne suffit pas d’ouvrir une enquête mais, il faut que l’enquête soit indépendante et impartiale.

L’enquête en soi, n’est pas quelque chose d’extraordinaire dans un état de droit ou dans un état organisé. Mais le plus important, c’est vraiment qu’on respecte les standards internationaux. C’est-à-dire qu’on essaie de faire autant que possible pour que la lumière éclate. Souvent, on cherche à amuser la galerie. Mais, en réalité, on n’est pas disposé à avoir une justice qui puisse apaiser les citoyens. Le plus important dans la justice, ce n’est pas que les citoyens aient gain de cause, mais au moins que les citoyens croient en leur justice. Pour cela, il faut les convaincre. Et pour les convaincre, il faut donner des gages d’un procès juste et équitable. Malheureusement, on n’arrive pas à faire de pas supplémentaires. On est toujours à l’étape grégaire et c’est extrêmement préoccupant.».

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

02 - Novembre - 2023

DÉCÈS DE PAPITO KARA : « IL EST LE SYMBOLE DE LA TRAGÉDIE SANS FIN QUI SE DÉROULE DANS L’INDIFFÉRENCE TOTALE » (MIMI TOURÉ)

L’ancienne Premier ministre (Pm) et candidat déclarée à la présidentielle de 2024, Aminata Touré, a réagi suite au décès de Papito...

02 - Novembre - 2023

AUTODAFÉ À KAOLACK : MACKY SALL MENACÉ D’ÊTRE BRÛLÉ VIF

L’enquête ouverte sur l’affaire du présumé homosexuel se poursuit. Selon les éléments de l’enquête, le commissariat central de Kaolack a...

02 - Novembre - 2023

LA GUINÉE EN PROIE À UNE GRAVE ÉPIDÉMIE DE DIPHTÉRIE ALORS QUE LE PAYS MANQUE DE PERSONNEL DE SANTÉ

Selon l’OMS, au moins 62 personnes infectées sont décédées depuis l’apparition de l’épidémie en juillet dans la région de...

02 - Novembre - 2023

RAPATRIEMENT DES SÉNÉGALAIS D’ESPAGNE : LE PREMIER VOL EST ARRIVÉ À DAKAR

L’Espagne a affrété un premier avion pour expulser une trentaine de migrants originaires du Sénégal, entrés de manière irrégulière...

31 - Octobre - 2023

Affaire du présumé homosexuel : Le cerveau identifié, mais il est en fuite

Quatre individus ont été arrêtés ce lundi dans le cadre de l’enquête sur la dépouille exhumée et brûlée à Léona...