Campagne agricole 2025 : Le premirer ministre Ousmane Sonko trace la voie de la souveraineté alimentaire en annonçant une subvention de 130 milliards
À l’issue du conseil interministériel consacré à la préparation de la campagne de production agricole 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a exposé une feuille de route ambitieuse visant à assurer la souveraineté alimentaire du Sénégal, améliorer la compétitivité des filières et promouvoir la transformation locale.
Dans ses propos liminaires, M. Sonko a insisté sur la nécessité d’une mobilisation totale du gouvernement et des acteurs du secteur. « J’engage le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage et le ministre de l’Industrie et du Commerce à prendre les dispositions suivantes », a-t-il déclaré, en introduisant une série de mesures ciblées pour les principales filières agricoles.
Maïs, horticulture, banane : des priorités affirmées
Pour la filière maïs, le chef du gouvernement a appelé à « accélérer la mise en œuvre du protocole entre IMAÏS et les industriels pour la commercialisation prévue de 5 000 tonnes », tout en insistant sur la nécessité de « poursuivre les négociations avec les industriels » pour écouler la production locale. Il a aussi plaidé pour « l’amélioration des infrastructures de stockage » et « la facilitation de l’accès aux semences hybrides afin d’augmenter les rendements ».
S’agissant des produits horticoles, Ousmane Sonko a indiqué qu’un dispositif de planification devra être mis en place afin de « moduler la production en fonction des besoins du marché intérieur, des stocks de sécurité et des opportunités d’exportation ». Il a exhorté les ministres concernés à « faciliter les investissements dans les infrastructures de stockage et de conservation », estimant qu’il est temps « d’optimiser la valorisation des surplus de production ».
Concernant la banane, le Premier ministre a alerté sur les risques liés aux inondations et aux maladies phytosanitaires. « Il faut réaliser des digues de protection et prendre les mesures idoines contre les attaques foliaires », a-t-il insisté, avant de souligner la nécessité de « mobiliser les financements pour atteindre l’autosuffisance ».
Transformation locale et souveraineté : un cap clair
Sur la filière anacarde, Ousmane Sonko a souligné l’importance de réguler les exportations : « J’engage le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique et le ministre du Commerce à réglementer l’exportation de l’anacarde », a-t-il dit, tout en encourageant « la transformation locale, l’accès au financement » et « l’instauration d’une taxe à l’exportation pour soutenir la compétitivité nationale ».
Il n’a pas non plus éludé les difficultés rencontrées dans la filière coton. Il a appelé à une levée urgente des blocages administratifs pour le paiement des producteurs par la SODEFITEX : « Je demande au ministre des Finances de collaborer avec les banques pour apurer les reliquats dus », a-t-il martelé, avant de rappeler l’importance de « distribuer les engrais au plus tard le 15 mai 2025 ».
Le riz, pilier de l’alimentation sénégalaise, bénéficie également d’une attention particulière. Le Premier ministre a demandé la mise à disposition de « matériel agricole motorisé adapté », la « maintenance des canaux d’irrigation », et « la conclusion de contrats-programmes avec les riziculteurs ».
Structuration des filières vivrières
Concernant le niébé, il a appelé à une meilleure structuration : « J’engage le ministre à faciliter l’accès au matériel mécanisé et à renforcer la protection phytosanitaire contre les attaques », a-t-il recommandé.
Pour les cultures vivrières telles que le mil et le sorgho, M. Sonko a plaidé pour « l’introduction de semences hybrides, un meilleur accès aux fertilisants et au matériel de récolte », afin d’en améliorer la productivité. Quant à la culture du blé, il a demandé que « les tests de production soient poursuivis ».
Recherche, semences, gouvernance : poser les fondations durables
Le Premier ministre a également abordé un pan essentiel de la politique agricole : la recherche. Il a appelé à une révolution silencieuse mais durable : « Il faut promouvoir une agriculture résiliente face aux aléas climatiques, en accélérant la diffusion des innovations issues de la recherche », a-t-il souligné.
Dans le même élan, il a fixé un cap clair pour la reconstitution du capital semencier de l’arachide. « La collaboration entre l’ISRA, la direction de l’Agriculture et les services régionaux doit être renforcée », a-t-il recommandé, avant d’annoncer la tenue « d’une réunion spécifique avant le 15 mai 2025 pour bâtir un plan d’action permettant à l’ISRA de retrouver l’intégralité de ses missions et moyens ».
Enfin, Ousmane Sonko a insisté sur la gouvernance. Il a demandé « la restructuration du service officiel de contrôle et de certification des semences », en veillant à l’allocation de moyens humains et logistiques suffisants.
Suivi rigoureux et coordination
Concluant ses instructions, le Premier ministre a chargé le Secrétaire général du gouvernement, en lien avec les ministres concernés, « d’assurer le suivi de la mise en œuvre des mesures retenues et de [lui] en faire régulièrement le compte rendu ».
À travers ce conseil, Ousmane Sonko affiche une volonté politique forte : faire de la campagne agricole 2025 un tournant décisif dans la quête de souveraineté alimentaire et de transformation structurelle du secteur primaire sénégalais.