CAP SKIRRING: DES CAMIONS-CITERNES OU DES PELOTONS DE GENDARMES ? (PAR BABACAR JUSTIN NDIAYE)

31 - Mai - 2020

On ne réprime pas une colère (même tumultueuse) liée à une pénurie d’eau. C’est politiquement aberrant, démocratiquement absurde et socialement fâcheux.

Les citoyens ont droit à l’eau qui est garante de la santé et aussi garante du droit à la santé ; notamment en cette période de déferlement du coronavirus.
La mission louable de la Gendarmerie ne saurait donc être un substitut à la mission primordiale et permanente de l’Etat dans certains domaines vitaux. Autrement dit, on n’étanche pas la soif par le feu ou la poudre. Au contraire ! On négocie. Mieux, on console des populations assoiffées.

Dans le contexte correctement cerné du Cap Skirring, la gouvernance avisée convoque normalement l’esprit d’apaisement avant l’instrument de répression. N’est-on pas dans une région sensible qui a horreur des étincelles. En effet, les parages de Djimbéring ne sont pas aussi paisibles que les environs de Dialacoto. Une fraction armée est toujours perdue et présente dans la forêt dense.

A mon avis, une ou deux rames de camions-citernes sont plus appropriés et plus productifs que deux ou trois pelotons de gendarmes. C’est moins coûteux en hommes (gendarmes blessés) et en budget de ravitaillement en eau.

Au demeurant, la pénurie est insupportablement vieille de plusieurs semaines. Donc chronique. Voire structurelle. Inadmissible : la vitrine touristique du Sénégal ne doit pas (durablement) manquer d’eau. Ironie du sort, la Casamance est la zone la plus humide du Sénégal.

Gouverner un Etat de droit comme le Sénégal, à la fois, complexe et démocratique, n’est point un exercice aisé. Autant naviguer entre promontoires et précipices. Au Cap Skirring, les populations assoiffées ont bravé une interdiction préfectorale. Elles ont tort, avec l’excuse d’une pénurie d’eau prolongée. Cependant, aux yeux des observateurs, elles n’ont pas fait pire que les habitants de Médina Gounass qui ont violé allègrement et ostensiblement les arrêtés du Ministre de l’Intérieur. Le Patron des Préfets.
Du reste, la colère violente du Cap Skirring ne porte ni sur la vie chère ni sur un sujet politique ; encore moins sur l’ouverture des mosquées ou des églises. Il s’agit d’une triste émeute d’eau.

Babacar Justin Ndiaye

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

23 - Juin - 2023

Assassinats de 30 manifestants : Juan Branco publie la liste de ceux qui ont « recruté et encadré» les nervis

Avocat de plusieurs victimes sénégalaises de violences policières lors des affrontements débutés le 1er juin après la condamnation de Sonko, Me Juan...

22 - Juin - 2023

PLAINTE EN FRANCE ET DEMANDE D'ENQUETE A LA CPI CONTRE MACKY SALL POUR «CRIMES CONTRE L'HUMANITE»

Une plainte a été déposée en France et une demande d'enquête soumise à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye contre le...

21 - Juin - 2023

RÉPRESSIONS MEURTRIÈRES: PASTEF MET LA « LUMIÈRE » SUR LES ÉVÉNEMENTS DE JUIN ET LIVRE UN BILAN DE 30 MORTS

Le bureau politique national de PASTEF-Les Patriotes a procédé, ce 20 juin à la présentation de son mémorandum sur les violences de l’État du...

21 - Juin - 2023

Recrutement des milices : Un groupe de députés de l'opposition exige l'arrestation immédiate du fils de Macky...

Par souci d’informer le plus complètement possible l’opinion nationale et internationale des enjeux en cours, les députés de l’opposition du groupe...

20 - Juin - 2023

Mbodj du F24 : « Nous saisirons la Cpi, des crimes contre l’humanité ont été commis au Sénégal »

Le F24, plateforme contre la 3e candidature du Président Macky Sall, a tenu, à Dakar, ce lundi 19 juin 2023, une conférence de presse pour apporter quelques réponses...