CATASTROPHE DU JOOLA: VINGT ANS APRÈS LES DOULEURS SONT TOUJOURS VIVACES AU SEIN DES FAMILLES DES VICTIMES
En ce lundi 26 septembre 2022, cela vingt ans jour pour jour, depuis que s'est produite la catastrophe du bateau le Joola qui faisait la navette entre Dakar et Ziguinchor. Ce naufrage qui est la plus grande catastrophe maritime de l'histoire avait fait près de 2 000 victimes. Vingt ans après cette catastrophe, les familles des victimes ont toujours du mal à oublier leurs proches disparus. Certaines de ces familles se sont même disloquées dans l'indifférence totale des autorités étatiques.
Boubacar Bâ a perdu quatre membres de sa famille dans cette tragédie parmi lesquels son grand frère qui a vécu une trentaine d'années en Europe. Vingt ans après la disparition de celui-ci, la famille n'arrive toujours pas à l'oublier car il était leur principal soutien, confie Boubacar Bâ.
''Leur absence est quand même très dur à supporter parce que mon frère a été un soutien de famille. Il a fait trente ans en Europe. À son retour, il s'est investi auprès de sa propre famille. C'est lui qui a mis en place un campement à Kaffountine (une zone balnéaire de la Casamance) et donc ça sert à la famille. Donc pour dire que son absence touche énormément. Même ma mère qui est à la maison, il n'y a pas un seul moment où elle ne pense pas à son fils et nous de surcroît en tant que frère'', renseigne notre interlocuteur qui souligne que la disparition de leur grand frère a bouleversé la vie de la famille.
''Il était un socle important, un soutien de sa famille. Quatre frères de ma famille sont partis, c'est lui qui les a faits partir en Europe par la suite. Donc son œuvre ne peut être comparable à ce que nous, nous avons fait parce que ça a été un précurseur de cette famille. Donc ça a laissé un grand vide au sein de la famille''.
Malheureusement, relève t-il, en dehors des 10 millions de francs Cfa d'indemnisation reçus au lendemain de la catastrophe, la famille ne bénéficie d'aucune forme de soutien de la part l'Etat.
''Depuis l'indemnisation, on n'a pas reçu un soutien de l'Etat destiné directement aux familles des victimes''.
Quant à Khadidiatou Diop, elle a perdu sa propre maman, une cousine et un neveu dans cette catastrophe. Et jusqu'à nos jours, la douleur liée à ces pertes demeure vivace au sein de la famille, confie t-elle.
''Depuis 2002 à ce jour, nous pensons tous les jours à ces gens que nous avons perdus, je pense toujours à ma maman, je l'ai toujours en rêve, elle est toujours dans ma mémoire, je ne l'oublierai jamais''.
Khadidiatou relève que malgré la douleur et l'oubli des familles de victimes par les autorités étatiques, ils n'envisagent pas d'actions judiciaires pour l'instant.
''Pour l'instant on se remet à Dieu. Nous sommes une association et celle-ci comporte beaucoup de personnes. Je crois pour ça, il faudrait qu'on se concerte. Si chacun croit que l'Etat doit nous accompagner, alors là on pourra savoir ce qu'on pourra faire. Mais pour le moment on n'a pas encore jugé nécessaire d'intenter une action en justice''.
Signalons que le renflouement de l'épave du navire est le thème choisi pour ce vingtième anniversaire. Certaines familles de victimes en font une exigence pour, disent-elles, pouvoir organiser des funérailles de leurs proches disparus.
Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)