Couvre-feu et fraîcheur: le supplice coquin des hommes ou la revanche des femmes mariées
S’il y a des Sénégalais qui manifestent, parfois violemment, leur colère contre l’instauration du couvre-feu, les femmes mariées, quant à elles, sautent de joie depuis l’instauration de cette mesure administrative. Et malheur aux hommes qui sont pris entre deux, trois voire quatre feux ! Epouses s’entend. En otages, il leur faudra bien contenter tout le monde. C’est dire que dans les foyers, avec le couvre- feu et le froid, une autre partie se joue dans des pièces bien chaudes. Et au diable les règles de la distanciation physique ! Dans le commerce, « cuuray », petits pagnes, parfums de chambre et nuisettes fleurissent et sentent bon… Seytané toogal !
Abdoulaye revit ! Il a retrouvé ses automatismes perdus. Entre le boulot et le grand ’place du coin, la routine s’était installée dans son couple. Là, il ne reconnait plus son épouse. Celle-ci est devenue plus attentionnée, plus complice, plus coquine. Le bonheur de ne plus voir son homme trainer pour lui revenir vidé a décuplé les ardeurs de la dame. Le couple revit et en profite en se retrouvant tôt tous les soirs.
Le mercure du thermomètre qui descend, descend, explique aussi cette frénésie à se retrouver entre quatre murs après avoir envoyé les enfants dès après la prière du « Timiss » ! Façonner son mari à sa façon. Ça, les Sénégalaises, du moins les plus « diongués » parmi elles, savent bien le faire, si elles y mettent une note de complicité et de patience. Avec le couvre-feu et le froid de canard qui s’est emparé de la capitale, les hommes ne peuvent plus trainer dans la rue ou courir leurs conquêtes d’où ils revenaient vidés au grand dam des légitimes.
Depuis plus d’une semaine, ces bourgeoises, de nouveau comblées, embaument l’espace nuptial à grand renfort de « Cuuraye », parfums, nuisettes, petits pagnes pour tenir au chaud leur homme. Des épouses qui ont ce don de s’accommoder à n’importe quelle situation pour ferrer leur « Aladji » ou leur « chéri d’amour ». L’occasion faisant le larron, en cette période de fraîcheur, l’alternative est vite trouvée. Elle consiste à tenir son homme au chaud.
Mamy Ndiaye, taille longiligne, teint clair, yeux noirs, vêtue d’une robe rose, dit être très contente du couvre-feu parce que son époux n’a plus le temps de trainer dehors. « A 18 heures, il me revient du bureau de peur d’être dans des embouteillages. Et dès qu’il met les pieds à la maison, il devient ma propriété. Ce qui fait que chaque jour , il me revient plus vite avec entrain », confie la dame qui dit garder ses secrets. « Rien qu’avec mes déhanchements dans la maison avec le bruit de mes bine – bine qui lui titille l’oreille, il est excité », nous livre Mammy, mariée depuis 5 ans.
Selon elle, le temps est précieux et il ne faut pas laisser aux hommes le soin de réfléchir pour avoir la tête ailleurs. « Comme le dit l’adage, ‘’djinakh day beuri pack’’, la femme doit avoir plus d’un tour dans son sac pour ferrer son homme », dit - elle dans un roulement des yeux qui dévoile toute sa coquinerie . « A 20 heures 00, je commence à dresser ma table pour lui servir un diner copieux assorti d’un thé bien chaud. Après, les choses sérieuses commencent », dit -elle encore plus coquine.
D’ailleurs, chez beaucoup de couples, le diner est servi maintenant avant l’heure du début du couvre- feu. Ce qui présage de longues nuits d’enfer ou de bonheur. Des nuits plus longues qu’à l’accoutumée. La note de la fin, Mammy nous la souffle au creux de l’oreille. « Le dernier mot me revient. Dans notre intimité, je reste la reine et la meneuse », dit-elle avant de prendre congé , dévoilant un popotin qui ferait des malheurs dans certains cercles.
Et pas seulement chez les « kathiors » ! Aby, qui est dans un ménage polygame où elle occupe le troisième et dernier rang, avoue ne laisser aucun répit à son époux en ce temps de couvre-feu et de froid de canard. « C’est un défi. Je veux que partout où il se trouve, son esprit se tourne vers moi. Depuis le début du couvre- feu, le mot d’ordre c’est coucher tôt. Tout se déroule dès 20h30 dans la chambre », fait – elle savoir, l’idée étant de tellement vider son mari que, lorsqu’arrivera le tour de ses coépouses vidé, il soit complètement lessivé. Et ne puisse pas assurer ! Inutile de dire qu’il y a beaucoup d’hommes qui doivent vivre le supplice de Tantale ces temps-ci. En tout cas, une très agréable — mais rude — concurrence s’est installée au bonheur ou au malheur des polygames !
Cocaïne, Tik-tok, réseaux sociaux, rimbi-rimbi, sauce piment, Faceboook, Nankk Djida etc.
Et dans ce jeu de séduction, les vendeurs de « Curray » et autres accessoires intimes ont sorti l’artillerie lourde. Depuis quelques temps, les femmes ne dissertent que sur l’encens baptisé, justement, « couvre -feu » et qui aurait des propriétés presque mortelles. En tout cas, aucun homme ne résisterait à ses belles senteurs. C’est ce que confirme le commerçant de « thiouraye » Ali, plus connu sous le nom de « Doctorou Diegg Gui ».
Pour ce commerçant qui se réclame être le médecin des femmes, le business de l’encens marche à merveille ces temps-ci à cause du froid et du couvre -feu. « C’est comme si les femmes veulent profiter du couvre-feu pour reconquérir leurs hommes. Je ne sais pas si c’est l’effet du froid ou du couvre - feu, mais ma clientèle s’est élargie » avoue notre interlocuteur tout en souhaitant que ça dure. Et faisant deux pierres deux… coups (sans jeu de mots !), on retrouve dans la boutique de notre « Docteur » beaucoup de variétés d’aphrodisiaques ou de lingerie intime.
A en croire notre interlocuteur, les femmes portent plus leurs choix sur les produits appelés « cocaïne », « tik-tok », « réseaux sociaux », « rimbi-rimbi », « sauce piment », « couvre – feu, « Facebook » etc. « J’ai renforcé mon «arsenal d’encens » et autres dessous intimes », explique Nafi, une belle dame qui dit être l’As de cœur de son homme. Et selon cette dame, dans les discussions avec ses amies, elles ne parlent que du couvre - feu et du froid qui se sont installés dans le pays. Autant dire des discussions coquines avec comme but unique : retenir les hommes. Ce sont les féministes qui vont s’arracher le cuir chevelu…tandis que les célibataires vont regretter leur statut !
Le Témoin