DPG : ENTRE ESPOIR ET INTERROGATIONS (PAR BIRAHIM CAMARA)
Pour les diasporas sénégalaises la déclaration de politique générale du premier ministre suscite un grand espoir mais également plusieurs interrogations.
En effet il s’est, devant la représentation nationale, engagé :
* à mener une lutte farouche contre la pauvreté pour éradiquer l'émigration clandestine qui continue de ravager de plus en plus de familles aux quatre coins du Sénégal ;
* à protéger et à défendre les intérêts des sénégalais de l'extérieur dans les pays d'accueil et de transit ;
* à envisager la création d'une banque de la diaspora ;
* à instituer sur les cendres du conseil supérieur des sénégalais de l'extérieur et du haut conseil des sénégalais de l'extérieur morts de leur politisation à outrance par les régimes antérieurs à la seconde alternance, une haute autorité de la diaspora à vocation consultative auprès de la primature.
Monsieur le premier ministre ne doit pas commettre la même erreur qui avait consisté à vouloir faire de nos compatriotes établis à l'étranger un troupeau électoral qui , très vite , peut reprendre les mêmes hostilités qui ont perdu le parti socialiste , le parti démocratique sénégalais et l'alliance pour la république.
Les questions migratoires sont très complexes pour être résolues par une baguette magique. Il faut apprendre à les connaître, les maîtriser pour apporter des solutions idoines.Si les causes sont purement économiques, écologiques au centre et à l'ouest du Sénégal, elles sont culturelles et climatiques au nord et à l'est de notre pays.
Même si , dans le bassin du fleuve Sénégal et dans le fouta tout entier, l'or et le diamant tombaient du ciel, ils ne retiendront ni les Soninkés ni les fulbes , qui , depuis la nuit des temps, partaient loin et pendant longtemps pour revenir narrer les mondes découverts, les aventures , les croyances et les cultures vécues différentes de leur environnement en voie de désertification . Plusieurs travaux sociologiques, environnementaux, climatologiques et économiques consacrés aux phénomènes migratoires sont disponibles.
Diverses et variées les causes sont inhérentes aux humains et aux autres êtres vivants. Donc aborder sous le même angle ou universaliser les solutions serait une erreur. Il faut imaginer les meilleures conditions pour lutter efficacement contre l'émigration clandestine.
La première consiste à mettre en place une politique d'éducation et de formation aux métiers en adéquation avec les réalités de chaque terroir.
La seconde découlera de la décentralisation des outils existants
( baos , faise etc...) et oser des innovations en terme de réinsertion dans le tissu économique au moment où le clic et le clac réduisent les comptoirs et les guichets (banque en ligne) .
Toutes ces pistes ne seront praticables qu'avec la participation effective des sénégalais de l'extérieur à la définition, à la conceptualisation et la contextualisation de toute nouvelle politique et avant la signature ou la révision, des conventions ou des accords entre le Sénégal et les pays d'accueil.
A cette fin la contribution des diasporas aux assises nationales reste toujours d'actualité car elle a toujours demandé la réactualisation de la convention franco-sénégalaise de 1974 relative à la sécurité sociale, aux pensions et aux diverses allocations non exportables etc... suivie de celle de l'accord de 2006 relatif aux flux migratoires.
La circulation des personnes et des droits sociaux oblige les retraités du droit français souvent octogénaires à retourner en France tous les trois ans.
En cas de maladie suivie ou non d'hospitalisation au Sénégal, ils ne bénéficient d'aucune couverture par la sécurité sociale qui, pourtant prélève des maigres pensions mensuelles les cotisations.
Par ailleurs certaines dispositions de la constitution de la république doivent consacrer l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
Des sénégalais régulièrement inscrits sur les listes électorales, parce que nés ou résidents ou détenteurs de la nationalité du pays d'accueil de leurs parents, ne peuvent ni participer à la gestion de leurs terroirs d'origine (conseils municipaux et départementaux) ni, selon l'article 28 de notre constitution, être candidats à l'élection présidentielle.
Pour couronner de succès ses engagements, le premier ministre doit, au delà des chapelles politiques, impliquer dans sa démarche les compétences et les talents des sénégalais de l’extérieur.
Birahim Camara
Parti Socialiste