L'accalmie est rompue à l'Est de la RDC : Des combat meurtriers entre les rebelles du M23 et les FARDC signalés dans le sud Kivu

12 - Février - 2025

Alors que le groupe armé M23 et ses alliés, notamment le Rwanda, avaient annoncé un cessez-le-feu unilatéral, des tirs nourris ont été entendus lundi 10 février aux alentours d’Ihusi, à une soixantaine de kilomètres de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. Les combats se sont poursuivis toute la journée du mardi 11 février, opposant les forces du M23 et ses alliés, notamment le Rwanda, à l’armée congolaise, appuyée par ses alliés. De nombreux morts sont à déplorer, notamment un officier burundais. La province de l’Ituri a également fait l'objet de violences intercommunautaires par différents groupes.

Cette reprise des hostilités intervient alors que les chefs d’État de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC), réunis samedi 8 février à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, avaient appelé à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’est de la RDC. Cela en plus de l’annonce unilatérale du camp pro-M23.

Cependant, cette trêve fragile a été rompue avec les combats signalés autour d’Ihusi. Selon des sources locales, les combattants du M23 et ses alliés tentent de contourner une plantation appartenant à une société pharmaceutique située aux alentours d’Ihusi. La zone commerciale d’Ihusi se trouve dans le groupement de Mbinga-Sud, au sein de la chefferie de Buhavu, en territoire de Kalehe, dont les combattants du M23 tentent de prendre le contrôle des agglomérations.

Depuis le début de l’offensive, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées notamment par des militaires burundais, opposent une résistance et ripostent aux offensives du M23, soutenu notamment par l’armée rwandaise.

Pression du M23 maintenue, avec de nombreux morts à déplorer
À ce stade, les localités de Tshibandja, de Munanira, ainsi que la zone commerciale d’Ihusi et Kalehe-centre, restent sous contrôle des forces loyalistes, appuyées par les troupes burundaises. Toutefois, le M23 occupe la localité de Muhongoza, située à environ quatre kilomètres de Kalehe-centre et à trois kilomètres d’Ihusi. Il maintient ainsi la pression sur les positions de l’armée congolaise.

Des pertes en vies humaines ont été rapportées dans les deux camps. On apprend par exemple la mort d’un major de l’armée burundaise dans les combats dans ce périmètre.

Ces affrontements ont également entraîné un déplacement massif de population : la société civile locale estime que, depuis le 20 janvier, des milliers de personnes ont été forcées de fuir leurs résidences. Une partie de ces déplacés a trouvé refuge sur l’île d’Ishovu, sur le lac Kivu, qui reste sous le contrôle des FARDC. D'autres, en provenance des groupements de Buzi, Mbinga Nord et Mbinga Sud, ont cherché refuge dans des villages voisins et dans le territoire d’Idjwi. Ces déplacés sont actuellement installés dans des églises, des écoles ou hébergés par des familles d’accueil et vivent dans des conditions précaires.

Un peu plus au nord, dans la province du Nord-Kivu, des affrontements ont également de nouveau eu lieu, mardi après-midi, sur le front de Lubero. Là aussi, ils opposent toujours les forces du M23, soutenues par des militaires rwandais, aux forces armées congolaises, appuyées par les milices locales wazalendo. Ici, les combats se concentrent autour de Kivisire, une localité située à environ 15 kilomètres de Mambasa.

Des dizaines de morts dans des violences entre milices rivales dans la province de l’Ituri
Toujours au Nord-Kivu, des violences intercommunautaires ont par ailleurs éclaté, notamment dans un camp de déplacés dans le territoire de Djugu, lundi 10 février au soir. C’est une nouvelle attaque après plusieurs autres ces derniers jours. Attribuées aux milices rivales Zaïre et Codeco, elles ont fait plusieurs dizaines de victimes.

Selon plusieurs sources locales, une première attaque attribuée au groupe armé Zaïre a fait 8 morts samedi 8 février dans ce territoire du Djugu à Buchama. Les victimes étaient réunies pour un deuil quand les miliciens sont arrivés avec des armes à feu et des armes blanches, rapporte notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi.

Puis dans la nuit de dimanche 9 au lundi 10 février, il y a eu une première incursion de la milice rivale Codeco dans un camp de déplacés, toujours dans ce territoire de Djugu : au moins une personne a été tuée et des blessés graves ont été évacués vers les structures sanitaires. Et 24 heures plus tard, la Codeco a une nouvelle fois visé ce camp de déplacés de Djabaia avec un bilan très lourd : plus de 20 morts, selon des sources humanitaires. La société civile évoque 52 victimes.

Des groupes armés qui prétendent défendre chacun une communauté
Les deux groupes armés Codeco et Zaïre prétendent chacun défendre une communauté. La Codeco dit être garante des intérêts des Lendu.

Le groupe Zaïre est une milice qui dit défendre les Hema, et, selon les derniers rapports des experts des Nations unies, serait proche du groupe M23 et de l’Alliance fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa. À la tête du groupe Zaïre, il y aurait les ex-criminels de guerre Thomas Lubanga et Yves Khawa Pangaa.

En avril 2024, plusieurs groupes dont la Codeco et la milice Zaïre avait signé, sous l'égide du gouvernement congolais, un programme dit « de désarmement et démobilisation ». Il y avait ensuite eu une certaine accalmie sur le terrain. Les violences de ces derniers jours font craindre à la société civile une recrudescence de l’insécurité dans l’Ituri.

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