Le patronat en colère contre le dg des douanes
Par cette décision, les bureaux de douane de Karang, Keur-Ayip, Rosso, Kidira, Moussala, Ziguinchor et Vélingara ont désormais compétence pour dédouaner certains produits qui qui avaient jusqu’ici comme zone de dédouanement Dakar. « Une décision qui constitue une incitation à la fraude massive » selon le Patronat qui a du mal à cacher sa colère.
Il compte battre le rappel des troupes entre ce lundi et mardi pour interpeller directement le Gouvernement (notamment les ministres de l’Economie, des Finances et le président de la République) pour qu’une telle décision jugée « impopulaire » de M. Oumar Diallo soit purement et simplement supprimée. Autrement dit, en lieu et place de « Fast Track », le Dg des Douanes s’est mis à la mode « bombe à retardement » de notre économie !
C’est simple. Désormais, plus précisément depuis le 30 avril dernier, tous les produits comme les véhicules, la farine de blé, le concentré de tomate, le poivre, les piles électriques, les cahiers scolaires et les pesticides peuvent être désormais dédouanés au niveau des postes frontaliers douaniers comme Karang, Keur-Ayip, Rosso, Kidira, Moussala, Ziguinchor et vélingara.
Une décision jugée « impopulaire », « bête » et « inopportune » par le patronat national qui s’étonne d’ailleurs d’un tel geste du Dg des Douanes. En effet, l’Ige Oumar Diallo a attendu que l’ancien ministre de l’Economie, Amadou Ba, qui avait bloqué une première décision prise en ce sens il y a quelques mois, quitte le ministère pour remettre au goût du jour sa mesure.
Profitant donc du fait que les deux nouveaux ministres désormais en charge de notre économie, en l’occurrence Amadou Hott pour l’Economie et Abdoulaye Daouda Diallo aux manettes des Finances et du Budget, étaient en train de s’installer, Oumar Diallo a appliqué sa mesure synonyme de coup de poignard porté à l’économie nationale. Une mesure qui sera une très grosse aubaine pour les fraudeurs. Lesquels pourront inonder le marché national de leurs produits frauduleux à partir des ports de Banjul, de Nouakchott, de Bissau. Sans compter, pourquoi pas ?, faire entrer des armes au niveau de notre frontière avec le Mali. « Pourquoi avoir attendu le départ de Amadou Ba pour ressortir une telle mesure qui risque d’impacter négativement les recettes douanières au point d’amener l’Etat à avoir des difficultés pour payer les salaires des fonctionnaires ? » s’interroge un membre éminent du patronat.
Une menace sur l’industrie du blé…
Le premier secteur qui pourrait connaître de sérieuses difficultés sera l’industrie de farine blé. En clair, selon notre source, les 7 grandes minoteries que sont les Grands Moulins de Dakar, FKS, Sédima de Babacar Ngom, NMA Sanders et Moulins Sentenac de Ahmet Amar ainsi que Olam Sénégal pourraient fermer si la décision du Dg Oumar Diallo est maintenue.
« Quand tu ouvres les frontières, la grande fraude va s’installer systématiquement au niveau des villes comme Touba, Kaolack, Ziguinchor et de Diourbel. Parce qu’en se présentant aux frontières ci-dessus, les fraudeurs n’auront pas de documents bancaires à présenter. Leur astuce consistera à fractionner leurs marchandises qu’ils feront venir de Rosso, de Banjul, du Mali par des camions de 10 à 20 tonnes pour les orienter vers ces postes frontaliers alors qu’auparavant, pour ces mêmes produits, ils avaient l’obligation de venir jusqu’à Dakar parce qu’ils étaient escortés par les services de douanes. Là où les bureaux de douane du Port de Dakar demandaient des documents bancaires pour éviter le rapatriement des devises, ils n’auront plus besoin de le faire à ces postes frontaliers. Ces fraudeurs ne vont plus travailler avec le Port de Dakar.
Ils vont s’orienter vers les ports de Banjul et Nouakchott et le territoire malien » explique notre source. Cette dernière indique qu’au niveau de l’administration des douanes, des officiers sous l’anonymat dénoncent vivement cette mesure de leur Dg Oumar Diallo. « On ne voit pas une surcharge de travail au niveau du port qui serait telle qu’Oumar Diallo puisse prendre une telle décision. En outre au moment où le Port de Dakar fait un à 2 milliards de recettes par jour, on n’a pas besoin de recettes frontalières parce que les douaniers travaillent jour et nuit pour des recettes douanières qui atteignent environ 800 milliards de frs par an.
Ils n’ont pas besoin d’aller chercher des recettes ailleurs, si on laisse les services de douanes du port travailler comme ils le faisaient avant » souligne notre interlocuteur. Dans ces conditions, permettre à la farine d’entrer par la frontière, c’est carrément faire peser une menace énorme sur les minoteries nationales qui se battent pour survivre. La décision ouvrant la possibilité de faire dédouaner la farine de blé au niveau de certains postes frontières va sonner le glas pour ces industries :
… Sur les concessionnaires de véhicules et sur le port de Dakar
Après le démantèlement de notre industrie textile à cause de la fraude sauvage, ce sont à présent les industries de la farine et les concessionnaires automobiles qui sont menacés de fermeture. Si à partir du 30 avril, il est possible de dédouaner à partir des frontières les véhicules, des concessionnaires, compagnies de navigation et transitaires comme MST, la Sénégalaise de l’Automobile, Cfao Motors, SDvBolloré, Maersk Lines… risquent de fermer boutique parce que les gens n’auront plus besoin de venir jusqu’à Dakar pour dédouaner leurs véhicules.
En outre, s’agissant d’un produit très sensible comme le poivre, les importateurs payaient jusqu’à 20 millions de frs pour dédouaner un container. Des frais de douane qui risquent de chuter jusqu’à …2 millions de frs aux frontières. Ne parlons des cahiers scolaires. Si une grande unité industrielle comme la SIPS n’a pas pu résister à l’importation sauvage de ces articles pour écoliers, le peu d’unités qui s’activent encore dans ce domaine vont carrément mettre la clé sous le paillasson. Last but not least, la menace d’un Sénégal envahi par toutes sortes d’armes venant d’un pays comme le Mali, qui a fini d’être accaparé par les groupes terroristes, va s’accentuer pour notre pays.
Une chose est sûre : le niveau de trafic du port de Dakar va ressentir durement les effets de la décision prise par le Dg des douanes le 30 avril dernier. Bref, la situation créée par cette mesure est jugée suffisamment inquiétante pour que le patronat sonne la grande mobilisation. D’ici demain mardi, il compte saisir le président de la République et les ministres de l’Economie et des Finances pour que cette mesure « impopulaire » de Oumar Diallo soit rapportée purement et simplement. « « Cette mesure est impopulaire. On risque d’inonder notre pays de marchandises frauduleuses venant de la Mauritanie, du Mali et de la Gambie.
Le patronat et secteurs affiliés vont se réunir entre ce lundi et ce mardi pour faire face et surtout pour pousser les hautes autorités à détruire cette note impopulaire. Au moment où on demande la dématérialisation du système Gaïndé, on ouvre la fraude aux frontières ! Oumar Diallo n’est pas en mode Fast track, mais en mode « bombe à retardement. Cette note est en contradiction avec la phase 2 du PSE qui met l’accent sur l’industrialisation et la création d’emplois. Or, les fraudeurs ne créent pas d’emplois. Aujourd’hui des Sénégalais comme Babacar Ngom de la Sédima, Ameth Amar de NMA et les Moulins Sentenac,… des concessionnaires de véhicules, des transitaires, des industriels, bref des pans entiers de notre économie créateurs d’emplois risquent de disparaître. Le patronat fera face à Oumar Diallo qui ne cherche qu’à détruire notre économie » concluent nos interlocuteurs.
Le Temoin