LES DIASPORAS POURRAIENT OBTENIR MIEUX CAR ELLES SAVENT FAIRE (PAR MAMADOU DEME)
Monsieur le Premier ministre OUSMANE SONKO, en accord avec Monsieur le Président de la république, a lu devant la représentation nationale , son discours de politique générale par lequel il a fait un diagnostic rétrospectif du Sénégal avant la prise de pouvoir du Président BASSIROU DIOMAYE FAYE, sa grille de lecture du moment T sénégalais et sa vision plurielle et multiforme de l’avenir de notre nation sous sa gouvernance conformément à l’orientation politique fixée par le président du Sénégal et du projet.
Mon honnêteté intellectuelle et citoyenne me recommande de reconnaitre la densité du texte du discours, sa richesse en projets multiformes marqués par des faisabilités diverses, une bonne construction théorique dans une charpente architecturale qui en facilite la lecture et la compréhension. Même si lire et comprendre ne vaut pas blanc-seing et adhésion.
Lors de ce discours .de politique générale, j’ai été sensible à l’hommage rendu au président MAMADOU DIA ancien président du conseil par monsieur le Président de l’Assemblée nationale , et l’apparition ici et là dans le discours des références au Président DIA sans le citer à travers d’éléments faisant valeur de justification de postures souverainistes qui essaient de montrer reconnaissance, filiation et hommage ; même si les postures et les époques des expressions de ces souverainismes-là, ne peuvent être comparées et confondues .
Pour Les uns le président MAMADOU DIA, il y a une expérience accomplie avec toutes une série de conséquences, pour sa personne, sa famille, ses compagnons et pour le Sénégal.
Pour les autres, le Président BASSIROU DIOMAYE FAYE et le premier ministre OUSMANE SONKO, Nous sommes au démarrage d’un parcours d’expérience, d’une mise en œuvre en cours non évaluée et non évaluable en dehors des appréciations des projets et des intentions.
Aussi, les formes d’accès au pouvoir différent des uns à l’autre ; ce qui donne aux souverainismes de part et d’autre, des sens et des connotations différentes.
J’exprime néanmoins ma fierté à cet hommage rendu. La fierté de celui qui dans son parcours de vie estudiantin, de praticien social, de professionnel, d’acteur politique et d’homme tout court a eu à rencontrer le président MAMADOU DIA sous des formats multiformes.
Encadré dans le cadre de mon parcours universitaire par les plus proches collaborateurs de MAMADOU DIA ,les professeurs ROLAND COLIN ancien directeur de cabinet ,et HENRI DESROCHES son conseiller , accompagnateur fidèle du père LEBRET, qui ont ensemble déterminé ce qui était la politique d’animation rurale de MAMADOU DIA et qui ont conçu pour lui la célèbre circulaire 32 , telle qu’elle a été visualisée dans le cadre du premier plan , coordonné par le doyen CHEIKH HAMAIDOU KANE (AVENTURE AMBIGUE) alors commissaire au plan . C’est MAMADOU DIA qui a formaté mon parcours de praticien social articulé aux enjeux des écoles et des parcours des vies des réseaux diasporiques avec SALLY NDONGO (Président de l’union des travailleurs sénégalais en France), dans leurs rapports avec leurs villages d’origines et par la configuration des associations villageoises diasporiques du développement à partir de 1978 Il a créé les conditions de mes engagements comme acteur politique autour du principe philosophique et politique du socialisme autogestionnaire et du développement à partir des communautés de base. Je me devais d’exprimer cette fierté à l’égard de mon maître et remercier ceux et celles qui en ont exprimé les hommages.
Cela pourra rendre crédible, mes objections vis-à-vis de la posture du premier ministre qui, compte tenu des conflictualités passées et présentes, préfère être amnésique sur ce qui est fait avant et qui pourrait être des éléments de références comparatifs avec le bilan de sa gouvernance. Un acteur politique pertinent est celui qui au-delà des natures des conflits, a la capacité de voir et de reconnaitre les opportunités qui se sont construites pour le pays avant lui, selon les exigences du temps et de l’espace et des prises en charge par des hommes et des femmes selon leurs convictions du moment et qui ont pu participer à l’avancement du Sénégal. Renier les réussites, valoriser les manquements et les insuffisances pour crédibiliser une ligne politique n’est pas à la hauteur de la grandeur des acteurs politiques tels que je les conçois et tel que j’e l’ai appris auprès du président MAMDOU DIA par son comportement.
Je réfute l’amalgame entre le déni de ce qui est fait et l’amnésie sur les réussites de ce qui a été fait avant. J’ai été six ans et trois mois durant, membre du haut conseil des collectivités territoriales et au sein de cette institution de la république, un travail de très haut niveau et de très haute densité a été réalisé. Le bilan quinquennal du HCCT aujourd’hui disponible, toute la conception terminée de la valise de l’élu et des acteurs de la territorialité, ainsi que les bilans des travaux des commissions et des missions thématiques notamment ceux des pôles territoires, de la commission domaniale et foncière, de la commission coopération et finances locales, de la commission genre , migrations et sécurités et celle de l’environnement et des la gestion des ressources naturelles auraient pu de manière certaine et sereine, contribuer aux éclairages nécessaires du projet des pôles territoires aujourd’hui souhaité et envisagé.
La mission d’études sur les diasporas sénégalaises instituée par le président OUSMANE TANOR DIENG dont j’ai eu l’honneur d’assurer la coordination et l’animation, et dont l’objet est de réfléchir sur les voies et moyens d’une définition d’un pacte pluriel de confiance entre l’Etat, les collectivités locales et les diasporas sénégalaises pour la mobilisation des capacités potentielles de l’investissement diasporique dont le Sénégal pourrait avoir besoin, le financement du développement territorial et l’émergence de partenariat publics - privés- diasporas-populations Si le Président de la République et son premier ministre savaient, ils auraient dû faire une étude d’impact avant d’exercer le pouvoir régalien de dissolution qui leur revenait de droit.
Venons-en à mes observations sur le volet consacré aux diasporas sénégalaises qui, à mon sens est une priorité absolue ; Des avancées sur le passeport de 10 ans même si la modalité financière n’est pas encore définie, la protection et l’assistance des diasporas sénégalaises sous réserve que les consulats généraux et autres représentations diplomatiques soient matériellement équipés et dotés de ressources humaines idoines, ce qui n’a jamais été le cas. Je suis favorable à la réciprocité des visas, même si des aménagements doivent être trouvés pour les binationaux. L’argument du risque du tourisme est faux. Car comment comprendre que les plus grands pays touristiques au monde instaurent des visas sans risques pour leur tourisme.
A mon avis, ce sont les faiblesses des acteurs du tourisme qui posent un problème au tourisme sénégalais Le premier ministre annonce la création d’une haute autorité des diasporas rattaché à la primature. Si le haut conseil des Marocains à l’étranger est rattaché au roi du Maroc, je suis favorable au rattachement de cette autorité au niveau du premier ministre, compte tenu des exigences en matière d’inter ministérialité de cette thématique d’interventions que constituent les diasporas sénégalaises. Reste à voir comment elle sera mise œuvre en espérant qu’il ne subira pas les défauts des conseils supérieurs des sénégalais de l’extérieur précédents dont le premier a vu pour la première fois le jour en 1992. Monsieur Moustapha NIASSE était ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur et le ministère délégué auprès du premier ministre venait d’être dissous à cause de la politique d’ajustement structurel Le président Wade déforma cette structure et modifia ses ambitions, le président MACKY SALL le rangea aux oubliettes en annonçant la quinzième région qui est restée un slogan politicien, et un vœu pieux. IL a néanmoins créé les circonscriptions électorales diasporiques pour sécuriser sa majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.
Mais, tout ce qui a été configuré pour cette quinzième région a été mis aux calendes grecques. J’en parle en connaissance de cause pour avoir remis à feu ALIOUNE BADRA KEBE un ancien consul de très grande proximité, le texte de base de création du premier conseil supérieur des Sénégalais de l’extérieur dont l’avis lui avait été demandé par monsieur NIASSE alors ministre des Sénégalais de l’extérieur. En 2001, sous le président WADE C’est la diaspora sénégalaise de France elle-même qui a rédigé le texte de base des discussions sur la rencontre sur le nouveau partenariat entre l’Etat du Sénégal et les Sénégalais de l’extérieur qui n’a pas abouti. Et en 2012 dans le cadre d’un partenariat et d’une alliance politique entre mon parti et L’APR, je remis au candidat MACKY SALL le projet de mon parti sur la création de la quinzième région comme collectivité territoriale externalisée et extra territoriale. IL n’y a pas eu de suite.
SI le premier ministre OUSMANE SONKO veut instituer une haute autorité des diasporas sénégalaises, il doit nécessairement tenir compte de plusieurs paramètres et sortir de la logique partisane dans le choix des hommes et des femmes qui composeront son organe de délibération, de son autonomie de décisions malgré son caractère consultatif et le périmètre de ses interventions multinationales Enfin, le premier ministre annonce la création des diasporas bonds pour faire en sorte que la diaspora participe à l’essor des investissements productifs au Sénégal. C’est une vielle idée dont la première a été celle de la BHS pour ses projets sur DIAMNADIO. Nous y avons été invités, nous avons refusé avec une argumentation solide. Nous avions vécu cela comme si les autorités ne s’intéressaient qu’à nos poches et le reste concernant le quotidien des diasporas étaient les cadets de leurs soucis. Des expériences passées avec les agences des banques sénégalaises en France, ne motivaient pas les diasporas à se lancer dans cette opération Les expériences passées dans les tentatives de mobilisations de l’épargne des migrants ne militent pas en faveur des diasporas bonds ; sauf si le premier ministre croit qu’avec la machine du PASTEF, il peut réussir.
Mais le chemin est devant nous. Au-delà de ces aspects spécifiques, il est manifeste que le gouvernement n’a pas de projet politique pour les diasporas sénégalaises, ni une vision et une politique publique des migrations internationales, définissant les conditions par lesquelles les migrations sortantes et entrantes sont une solution pour le Sénégal, comme des forces vives de transformations économiques et sociales positives. Manifestement, le gouvernement ignore pour beaucoup et méconnait les réalités diasporiques, leurs réseaux, leurs itinérances et itinéraires et les projets sociaux des parcours migratoires. L’immigration est à la fois une science humaine, une science économique et sociale et une science politique, qu’aucune pratique de recensement n’a pas pu permettre de clarifier et d’en mesurer les enjeux portés par une force vive de la nation vivant à l’étranger.
Le gouvernent ignore les strates sociales et la pluralité des générations qui vivent à l’extérieur du pays, ceux qui partent du Sénégal et ceux qui sont nés et notamment les métamorphoses démographiques actuelles des départs et les temporalités des mouvements que portent les diversités des parcours avec les attentes humaines qui sont liées. Ne sachant pas, l’état ne peut pas anticiper, ni prévoir, comprendre les liens entre diasporas et immigrations clandestines qui, depuis l’avènement du Sénégal indépendant ont toujours été clandestines pour 90% d’entre elles, à propos de plusieurs paramètres, risques e incidentes à court, moyen et longs termes. Et l’Etat ne voit pas et ne sait pas comprendre la gémellité entre immigration et jeunesses Contrairement à des pays intelligents, le Sénégal ne s’intéresse pas aux enfants sénégalais vivant l’étranger qui peuvent constituer pour notre pays des plus-values humaines en ressources et en capacités d’investissement sans commune mesure.
La seule chose qui intéresse les acteurs politiques est leurs poids électoraux malgré leurs binationalités qui les prive de briguer la charge suprême de l’Etat .Alors que les Sénégalais autochtones qui leur refusent cela par une constitution qui discrimine, sont eux-mêmes multinationaux de par la carte d’identité et du passeport de la CDEAO qu’ils possèdent. IL est où le problème, quel gâchis. Des enjeux sociaux importants concernant les diasporas ne figurent pas actuellement dans l’agenda du gouvernement, ni dans le discours du premier ministre : la renégociation des conventions sociales et la réciprocité, la convention fiscale qui en dehors de la non double imposition, ne concerne en rien les diasporas, le dossier de la dépendance, du vieillissement des diasporas sénégalaises et la situation particulièrement catastrophique des retraités.
La seule convention judicaire évoquée n’est pas suffisante Rien sur les multi appartenances identitaires qui pourraient rapprocher les enfants nés à l’étranger de leurs villages et pays d’origines, la promotion des programmes de coopérations décentralisées que les réseaux des diasporas n’est pas claire, et clairement exprimée, ni les risques sécuritaires et les insécurités liées aux parcours migratoires. Le nécessaire changement de paradigme dans nos rapports de négociations avec les pays d’accueils des ressortissants sénégalais est impératif. L’Etat du Sénégal a toujours négocié en position de faiblesse et subit beaucoup plus qu’il n’apporte de solutions aux sénégalais en séjour à l’étranger. Le complexe des autorités administratives en charge des diasporas est lamentable et prive celles-ci de beaucoup d’apports dans la conduite des accords bilatéraux et multilatéraux concernant les diasporas ; le gouvernement ferait une grosse bêtise en s’affranchissant des compétences des diasporas sénégalaises dans les représentations diplomatiques et consulaires.
Les diasporas valent mieux qu’un secrétariat d’Etat avec des moyens faibles et qui est à la merci de conflits de compétences avec sa tutelle. Les diasporas méritent un ministère de plein exercice avec un statut à caractère interministériel en lien étroit avec la haute autorité des diasporas envisagée. MAMADOU DEME
Sociologue des migrations et du développement local (sociologie urbaine et socio-anthropologie rurale)
Expert -consultant sur les migrations internationales (migrations et développement, migrations et sociétés, multi appartenances identitaires en milieux migrants) diplômé d’études diplomatiques et stratégiques supérieures du CEDS de Paris
Acteur-animateur au sein des réseaux diasporiques de l’économie sociale et solidaire
Expert vies associatives, diasporas -territoires et territorialités, codéveloppement et coopération décentralisée Administrateur du FORIM (forum des organisations de solidarités internationales issues de l’immigration (2001 -2014)
Membre du conseil d’orientation du forum des diasporas représentation du HCCT au sein du dit conseil (2017 – 2022°) Secrétaire général du conseil des diasporas africaines de France CEDAF
Ancien secrétaire général, de la mutuelle d’épargne et de crédit des sénégalais de l’extérieur (2003 -2013
Spécialiste de l’animation de la décentralisation et des politiques publiques territoriales (Attaché territorial principal des cadres d’emplois territoriaux des collectivités territoriales de Frances et directeur de services jeunesses de plusieurs communes de France 1983 2004.
Technicien supérieur de l’éducation populaire et de la jeunesse Animateur des contrats de territoires : Etat- collectivités territoriales 2004-2009 (jeunesses, genre accueil et intégrations des populations primo arrivantes en France, dépendance et vieillesse des personnes d’origines étrangères
Délégué de préfet (2009 2019) : animation des transversalités des politiques publiques territoriales, animations des dispositifs interministériels dans leurs déclinaisons territoriales : FIPD, CUCS, PNRU 1 et 2, prévention de la délinquance et tranquillités publiques, suivi évaluations des politiques publiques, représentation du préfet auprès des partenaires publics et privés. Certifié de compétences de chef de projet de rénovation urbaine
Ancien haut conseiller des collectivités territoriales (2016 -2022) membre des commissions coopération et finances locales, et de la commission genre migrations et sécurité Coordinateur de la mission d’études sur les diasporas sénégalaises Chevalier de l’ordre national du mérite Ancien candidat à la candidature élections présidentielles 2024