Les manifestations sportives suspendues au Sénégal après la mort de huit personnes dans un stade

17 - Juillet - 2017

Dans le stade Demba-Diop à Dakar après la finale de la Coupe de la Ligue sénégalaise de football, le samedi 15 juillet 2017. Des violences entre supporters, un mouvement de panique puis l’effondrement d’un mur soutenant les gradins ont entraîné la mort de huit personnes, selon les médias officiels.
Dans le stade Demba-Diop à Dakar après la finale de la Coupe de la Ligue sénégalaise de football, le samedi 15 juillet 2017. Des violences entre supporters, un mouvement de panique puis l’effondrement d’un mur soutenant les gradins ont entraîné la mort de huit personnes, selon les médias officiels. CRÉDITS : SEYLLOU/AFP
Les autorités sénégalaises ont suspendu, dimanche 16 juillet, toutes les manifestations sportives et culturelles dans le pays jusqu’aux législatives du 30 juillet et ont promis de renforcer la sécurité dans les stades en réaction à la mort de huit personnes après des échauffourées entre supporters lors de la finale de la Coupe de la Ligue sénégalaise de football, à Dakar. En hommage aux victimes du drame, la campagne des législatives a également été suspendue dimanche.

Jets de pierre, panique, effondrement d’un mur soutenant les gradins : huit personnes, dont une jeune fille, sont mortes et 88 ont été blessées, selon les médias officiels, samedi soir dans le stade où se déroulait le match.

Le président Macky Sall s’est déclaré « indigné » par les incidents et « a donné des instructions fermes pour que la lumière soit faite sur ce drame et que les responsables soient identifiés et sanctionnés sans faiblesse coupable ». Il a promis une meilleure sécurité dans les stades et une justice rapide pour les familles affectées par la tragédie.
Police accusée de négligences

Le Sénégal a déjà été critiqué cette année pour des carences en matière de sécurité, notamment après la mort de dizaines de personnes lors d’une manifestation religieuse en avril.
Pour sa part, la police s’est défendue contre les accusations des négligences à propos des informations sur le retrait des policiers d’une zone séparant les supporters rivaux. « Dans des situations pareilles, la présence de la police n’est pas de charger mais plutôt de contenir la foule pour éviter plus de dégâts, notamment l’affaissement d’un pan de mur qui a entraîné la mort de plusieurs personnes », selon un communiqué. « Contrairement à ce qui a été relayé par une certaine presse, le stade Demba-Diop a reçu ce jour et comme d’habitude dans de pareilles circonstances, un dispositif sécuritaire correct. Mais, avec la furie aveugle des supporters de l’Union sportive d’Ouakam déclenchée par le but égalisateur de l’équipe adverse et l’absence d’une grille de protection complète du pourtour intérieur du stade, la pelouse a, dans la cohue, été envahie et le match naturellement arrêté par l’arbitre. »
Le porte-parole du gouvernement, Seydou Gueye a appelé de son côté les Sénégalais au « calme et à la sérénité » alors que la campagne électorale a été marquée par des tensions. Vendredi, une rixe a éclaté entre des partisans du président Sall et de son rival, le maire de Dakar Khalifa Sall, en détention provisoire depuis le 7 mars. Plusieurs personnes ont été blessées à l’arme blanche.
Gaz lacrymogènes pour disperser les supporters

Le stade Demba-Diop était plein à craquer de spectateurs venus soutenir les deux équipes locales, l’US Ouakam et le Stade de Mbour, pour cette finale très attendue.
Lors de la période de prolongation, alors que le score était de 2 buts à 1 en faveur du Stade de Mbour, des supporters de l’US Ouakam ont commencé à lancer des pierres sur des fans du Stade de Mbour, causant le départ précipité de spectateurs, selon un journaliste de l’AFP.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les supporters, qui avaient envahi la pelouse, tandis qu’une partie du mur soutenant des gradins où se trouvaient des aficionados des deux camps s’effondrait. La foule a alors été prise de panique et des personnes ont été écrasées dans le mouvement, conduisant au drame.

« Quand le mur est tombé (…) tous les gens ont pleuré (…) On savait pertinemment qu’il y a des nôtres qui ont perdu la vie parce que le mur est tombé directement sur des gens », a rapporté Cheikh Maba Diop, qui a aidé à évacuer des victimes du stade et a perdu un ami.
Un autre supporter, Mara Dié Diouf, regrettait qu’on ait organisé cette finale « dans un tel stade, où il n’y a pas assez de sécurité » : « Une finale, ça se prépare (…) Après qu’est-ce que vous allez dire aux victimes ? » Selon lui, la police s’est retirée d’une zone séparant des supporters des deux équipes lorsque des projectiles ont commencé à voler, entraînant des mouvements de foule chez les spectateurs incapables de se défendre.

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