NEUF TIRAILLEURS SENEGALAIS QUITTENT LA FRANCE POUR FINIR LEUR VIE AU SENEGAL
« Je suis très content de rentrer au Sénégal, c'était dur pour nos proches de faire la navette et pour notre âge aussi… », a confié à l'Agence France-Presse N'Dongo Dieng, 87 ans, portant ses nombreuses médailles militaires sur une longue tunique moutarde. Dans une atmosphère recueillie mais chaleureuse, les vétérans, se déplaçant très difficilement pour certains et leurs visages émaciés marqués par l'émotion, ont eu la visite dans un pavillon de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle de la secrétaire d'État aux Anciens combattants et à la Mémoire, Patricia Mirallès.
« Il me semblait important d'aller aujourd'hui jusqu'au bout de cette histoire douloureuse, mais qui est aussi belle par l'engagement qu'ils ont eu et par leur amour de la France », a déclaré la ministre aux journalistes présents. Ces tirailleurs ont embarqué vers 12 heures (10 heures GMT) sur un vol Air Sénégal qui doit atterrir dans l'après-midi à Dakar, où il est prévu qu'ils soient accueillis par le ministre sénégalais des Forces armées, Sidiki Kaba. D'autres cérémonies d'« accueil républicain » sont également prévues.
Une mesure dérogatoire
Ces « anciens » retourneront ensuite dans leurs régions respectives retrouver leurs familles. Ce retour a été rendu possible grâce à une mesure dérogatoire décidée début 2023 par le gouvernement français, qui leur permet de vivre en permanence dans leur pays d'origine, sans perdre leur allocation minimum vieillesse de 950 euros par mois. Une aide exceptionnelle de l'État finance leur déménagement, leur vol retour et leur réinstallation.
« Une victoire tant attendue et méritée pour ces messieurs âgés qui ont tout donné pour la France et qui n'aspirent qu'à une seule chose : une fin de vie digne auprès de leurs familles », explique dans un communiqué l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais.
Le corps français des « Tirailleurs sénégalais », créé sous le second Empire (1852-1870) et dissous dans les années 1960, rassemblait des militaires des anciennes colonies d'Afrique. Le terme a fini par désigner l'ensemble des soldats d'Afrique qui se battaient sous le drapeau français. Ils ont participé aux deux Guerres mondiales et aux guerres de décolonisation.