Ousseynou Ba: du Sénégal à l'Olympiakos, parcours d'un affamé

01 - Décembre - 2020

Parti des terrains défoncés de Saint-Louis du Sénégal, le défenseur Ousseynou Ba (25 ans) a surmonté beaucoup d'échecs pour s'imposer jusqu'en Ligue des champions, à l'Olympiakos, qui défie Marseille mardi soir.

"Il arrive de très loin, il a très faim. Ousseynou a une famille à faire vivre et se bat tous les jours pour arriver au très haut niveau", explique à l'AFP le directeur sportif du Gazélec Ajaccio, Christophe Ettori, qui a accueilli le défenseur central en Europe, en 2017.
Ba débarquait en Corse après une série incroyable de contretemps. "Il a fait un paquet d'essais", raconte à l'AFP un de ses formateurs, Nicolas Bénichou, qui a découvert le joueur pour la Smash Académie, basée à Thiès, au Sénégal.
Mais la malchance s'en est longtemps mêlée... "Auxerre, Dijon, Montceau-les-Mines, ça a failli se faire plusieurs fois. Puis Albert Cartier le remarque pour Sochaux", poursuit Bénichou.
Mais le groupe chinois Ledus, qui détient le club au Lion, "perd alors 90% de sa valeur en Bourse, ils n'ont pas voulu investir", explique-t-il.
"Ousseynou part à Amiens, mais on arrive pas à valider le transfert le 31 août, à 45 minutes près... Le conseiller John Williams le voulait absolument, alors il est resté huit mois à s'entraîner sans jouer, soupire Bénichou. Mais il a progressé."
La poisse colle aux crampons de Ba. Déjà, adolescent, "il s'était blessé à trois jours de sa première session de recrutement devant des scouts venus de toute l'Europe", se souvient le technicien.
"Tu vas être cinquième central"

Un contact avec le Club Africain Tunis mène à une autre impasse, le joueur est sur le point de rentrer au Sénégal, quand la Smash Académie abat sa dernière carte.
Il part au Gazélec, sans même qu'Ettori l'ait vu jouer. "Tu le prends les yeux fermés, gratuitement, fais-nous confiance, nous on te fait confiance", dit Bénichou à Ettori.
"On l'a fait venir à la confiance, confirme Ettori. Il s'impose rapidement, et signe dès janvier à l'Olympiakos", qui le prête les six premiers mois au Gazélec.
Le recruteur François Modesto l'a repéré pour le géant grec, où il travaille avec le directeur sportif Pierre Issa, formé à Poissy avec... Xavier Bénichou, frère de Nicolas.
Mais au Pirée non plus, les obstacles ne manquent pas.
"Le coach Pedro Martins m'a dit +tu vas être cinquième central+, il m'a laissé le temps de m'adapter", se souvient Ousseynou Ba.
"Six mois mis de côté à l'Olympiakos, il n'a pas moufté, il a +soulevé+ tout le monde à l'entraînement", rembobine Nicolas Bénichou.
"C'est vrai qu'au début, ce n'était pas facile, admet Ba. Un groupe était en place avec de très bons défenseurs, qui faisaient un excellent boulot avant que j'arrive."
"Il fait mal"

Le Sénégalais profite des méformes (le Tunisien Yassine Meriah) et des blessures (Avraam Papadopoulos, Ruben Semedo, Pape Abou Cissé, ce dernier aussi issu de la Smash) pour se faire une place.
"Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres", résume Ba. "Le coach m'a donné ma chance, je l'ai saisie, c'est parti comme ça. Je suis titulaire et j'espère que ça va continuer".
Bref, il impose ses qualités. "C'est surtout un garçon très agressif, décrit Ettori, déterminé, vraiment le défenseur dans l'âme. Il est craint par tout le monde, y compris à l'entraînement tant il est déterminé. Il est méchant, au bon sens du terme, il est rude, il fait mal, tous les jours."
Freiné par le Covid-19, Ba est déjà reparti à l'assaut des sommets. Il a même prolongé d'un an, jusqu'en 2024, à l'Olympiakos. Et décroche une première sélections pour les Lions de la Teranga, en octobre.
L'OM, aussi, a pu apprécier toutes ses qualités à l'aller, où il avait notamment piégé Dario Benedetto comme un central madré.
"C'est un +petit vicelard+, rigole Bénichou, il a l'habitude des terrains au Sénégal, où ça envoyait. Mais jamais il ne va pas mettre un coup bidon, c'est toujours dans le jeu".
"Ce n'était pas forcément le plus talentueux au début, mais quel mental!" s'extasie Bénichou.
Mais sa plus grande qualité, pour son formateur, c'est "sa sérénité". Une sérénité forgée dans les parcours chaotiques.

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