RAPATRIEMENT DES ETUDIANTS DE WUHAN : ET SI MACKY SALL AVAIT RAISON?
Quand Macky Sall a annoncé que le Sénégal n’avait pas les moyens de rapatrier les treize étudiants sénégalais bloqués à Wuhan, les réactions hostiles n’ont pas tardé. Depuis, il est perçu par une partie de l’opinion nationale comme étant un président incapable de protéger ses concitoyens. Le président de la République « a démissionné » alors que "la Constitution l’oblige à protéger tous ses compatriotes", avait, par exemple, déploré Doudou Wade, un des ténors du Pds.
Les sorties du ministre de la Santé et de l’Action sociale comme celles du Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur n’ont pas pu éteindre l’incendie causé par Macky Sall.
Pourtant, à y voir clair, l’option prise par certains pays, les plus riches notamment, de rapatrier leurs ressortissants ne serait pas sans danger pour leurs populations. C’est qu’a soutenu l'épidémiologiste Yves Charpak, qui a travaillé pendant 10 ans dans les instances dirigeantes de l'OMS. Il estime que les vagues de rapatriements d'expatriés de Wuhan, épicentre du Coronavirus, n'ont pas de justification sanitaire, pire, "c’est même une mesure qui risque d’exporter la maladie".
« Le rapatriement des expatriés de tel ou tel pays ne se justifie pas à mon avis d’un point de vue sanitaire, c’est même une mesure qui risque d’exporter la maladie », a-t-il confié à Challenges.fr.
Selon le médecin, certains Etats développés profiteraient de cette crise sanitaire pour discréditer la Chine, en faisant du "China bashing". « Certains pays qui jugent ce pays trop puissant, peuvent peut-être se réjouir de le voir en difficulté », a-t-il ajouté.
Le Docteur Daouda Ndiaye avait, lui aussi, soutenu sur Iradio que le rapatriement des étudiants sénégalais de Wuhan n’était « pas la seule solution ». Il ajoutait que « la vraie solution, c’est d’abord de faire en sorte que nos compatriotes qui vivent à Wuhan soient dans des rayons de sécurité sur le plan médical et préventif ».
La question qui découle de la position défendue par l'épidémiologiste Yves Charpak peut être la suivante : le manque de moyen dont parlait Macky Sall n’était-il pas un faux prétexte ? Et si la crainte du président de la République, s’agissant du rapatriement de nos étudiants, pouvait se résumer comme suit : « Ils risquent d’exporter la maladie au Sénégal. »
Cheikh Sidou SYLLA