REPONSE A CHEIKH OMAR DIAGNE (PAR ROKIA PEDRO)
Cheikh Omar Diagne, il semble nécessaire de répondre à vos propos afin de mettre en lumière votre manque de respect blessant, votre arrogance indisposante et le mal que vous faites à des milliers de Sénégalais à chacune de vos sorties ; avec dernièrement la douleur des familles des tirailleurs que vous ravivez, et enfin, pour réaffirmer la vérité historique.
Vos récentes déclarations sur les tirailleurs sénégalais, que vous avez qualifiés de "traîtres" et de "vénaux" lors d'une interview, sont stupéfiantes. De pareilles accusations, venant du « professeur » que vous prétendez être, relèvent non seulement de l'ignorance crasse, mais aussi d'un mépris flagrant, choquant et affligeant envers des hommes qui ont sacrifié leur vie dans des conditions inimaginables et dont la mémoire mérite bien plus de dignité que ce que vous pouvez en avoir.
Il est non seulement inacceptable de réduire l’engagement des tirailleurs sénégalais à une question « d’argent », de vénalité ou de trahison, mais c’est encore plus scandaleux que pareils propos viennent d’un « ministre conseiller à la présidence de la République ». Le Président de la République, en l’occurrence Bassirou Diomaye Faye, avait déclaré fin novembre 2024 que le président français Emmanuel Macron lui avait envoyé une lettre dans laquelle il reconnaissait que ce qui s’est passé à Thiaroye le vendredi 1er décembre 1944 fut un massacre, et que, « ce pas consistant à reconnaître que c’est un massacre doit ouvrir la porte à une collaboration parfaite pour la manifestation de toute la vérité sur ce douloureux évènement de Thiaroye ». Et vous, Cheikh Omar Diagne, vous ramez à contre-courant de celui que vous êtes censé conseiller. Votre rôle était plutôt de conseiller au Président Diomaye Faye de s'engager à travailler conjointement avec son homologue Français afin de faire éclater toute la vérité sur cet évènement tragique au lieu piétiner la dignité ces tirailleurs.
Ces hommes qui ont combattu dans des guerres imposées par la France coloniale n’étaient ni des « mercenaires » ni « motivés par l’argent », mais des hommes embarqués dans un système d’exploitation et de domination injuste où la résistance n’était ni permise ni envisageable.
Cela, vous n’êtes pas censé l’ignorer avec votre talent de polymathe, avec tout le « savoir » et la « culture générale » dont vous faites étalage dans vos écrits, vos entretiens et vos interviews.
À moins que vous ne soyez en réalité qu'un ultracrépidarien, vous semblez volontairement oublier que ces tirailleurs, à qui vous manquez effrontément de respect, ont été recrutés de manière coercitive.
Vos propos ne sont pas seulement une offense à l’histoire de ces tirailleurs, elles sont également une insulte directe à notre mémoire collective, car ces braves hommes ne sont pas que sénégalais. Ils appartiennent à une part de l'histoire de l'Afrique brutalisée et souillée.
Vos propos déplacés rouvrent les plaies de tant de familles et de descendants et leur douleur ravivée alors qu’elles apprenaient péniblement à vivre avec la mémoire de leurs arrière-grands-parents, ces hommes oubliés, méprisés, exploités et trahis par l’État français.
Le massacre de Thiaroye en 1944 est un exemple flagrant de cette trahison d’État, où des anciens combattants, encore en vie, ont été tués pour avoir osé réclamer ce qui leur revenait de droit. Et vous vous permettez, Cheikh Omar Diagne, ignorant la portée de vos mots, de traiter avec légèreté ces événements tragiques qui ont marqué à jamais des générations entières. Vos paroles sont une gifle à tous ceux qui portent encore aujourd’hui le poids du passé, en premier lieu Bassirou Diomaye Faye, président de tous les Sénégalais, père de la nation.
Accuser ces hommes de trahison, c’est insulter leur souffrance voire piétiner leur sacrifice alors qu'ils ont combattu dans des conditions de guerre abominables, loin de leurs familles et de leurs patries. Ces « traîtres », comme vous les appelez si effrontément, ont fait face à des batailles où ont vécu l’enfer, et vous osez les traiter ainsi, sans même une once de respect pour ce qu’ils ont enduré ?
Au moment où la France coloniale, responsable et coupable du massacre de Thiaroye, reconnaît ses torts à travers ses présidents de la République, impertinent et blessant comme toujours, vous ne trouvez rien à faire d’autre que d’accabler les familles de ces braves hommes.
Dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) publié le 25 novembre, l’ancien président de la République française François Hollande reconnaissait également que l’armée française a bien commis « un massacre » à Thiaroye en ces termes : « C’est une répression sanglante parce qu’il y a un acte, qui est celui d’une revendication légitime, d’ailleurs, des tirailleurs sénégalais qui demandent d’avoir le versement de leur solde. La manifestation dégénère et il y a une répression qui est sanglante », avait soutenu M. Hollande au micro de RFI.
Il y a quelques semaines à peine, Cheikh Omar Diagne, vous en preniez à nos guides religieux, toujours avec la même arrogance, le même mépris.
Aujourd’hui encore, c'est au tour des tirailleurs sénégalais et leurs familles d'être bafoués sans scrupule à travers une interview.
Espérant un jour ou l’autre, que vous preniez pleinement conscience du mal que vous faites à chacune de vos déclarations et des blessures que vous occasionnez ou ravivez dans le cœurs de tant de personnes, je vous demande, s’il lui reste encore une once d’humanisme, un semblant de respect pour la mémoire et les valeurs que vous prétendez défendre, ou alors si vous entendez répondre à l’appel de votre foi musulmane, repentez-vous mais d'ores et déjà, ayez le courage de démissionner.
Car, il est désormais évident que Cheikh Omar Diagne, vous ne respectez rien ni personne. Et face à tant de dérives, un tel comportement ne saurait demeurer impuni.