SILENCE D’IDRISSA SECK : « SE REVOLTER POUR LE COMPTE D’UN PEUPLE IGNORANT, REVIENT A S’IMMOLER PAR LE FEU POUR ECLAIRER LE CHEMIN A UN AVEUGLE » (IBRAHIMA WADE)

22 - Janvier - 2020

Ce matin en lisant la Une d’un journal de la place (cf. Le Témoin du 21 jan.), qui s’interroge sur le silence d’Idrissa Seck en ces termes : « Mutisme d’Idrissa Seck. Stratégie de com ou lâcheté politique ? », je n’ai pas pu m’empêcher de tapoter sur mon clavier ces quelques lignes qui sont loin d’être une plaidoirie comme étant son avocat ou son porte-parole, mais pour rafraîchir la mémoire à ceux qui s’insurgent contre son silence.
« Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler » dit-on. Lorsque, Idrissa Seck nous parlait, une partie d’entre nous le taxait de beau-parleur ; une autre partie ne l’écoutait pas ou le dénigrer ; seule une infime partie de nos concitoyens l’écoutait et comprenait le sens de son propos. Ne nous avait-il pas dit qu’avec ce régime, il arriverait un jour où l’on crierait « wooy yaye » ? Eh bien ce moment semble arriver aujourd’hui.
Idrissa Seck, durant la précampagne et la campagne électorale, a sillonné le Sénégal d’abord pour écouter les citoyens comme il aime à le dire ; et ensuite, il a formulé un programme qu’il a expliqué de long en large avec des arguments qui ont convaincu quand même 24% des Sénégalais. Tous les défis auxquels notre pays fait face aujourd’hui, comme le dialogue national, la crise de l’électricité, les menaces sur les acquis en matière de droits, de justice et de la démocratie, la dette abyssale, le pilotage à vue etc. il en a parlé. Après le fiasco de l’élection présidentielle, il a tenté avec plusieurs leaders de l’opposition, de mobiliser les Sénégalais contre le hold-up électoral, mais seule une minorité de citoyens répondait à ses appels. « Se révolter pour le compte d’un peuple ignorant, revient à s’immoler par le feu pour éclairer le chemin à un aveugle », dit l’adage. Le rôle d’un leader politique est de mobiliser les citoyens dans le but de réaliser avec eux des objectifs de développement socio-économique. Il n’est plus le temps des hommes forts qui pouvaient à eux seuls forcer le destin d’un peuple. Dans le monde actuel, le citoyen a le plus grand rôle à jouer pour imposer les changements qu’il souhaite dans la société. Quand un peuple se lève, résolu et courageux même sans leader, rien ne lui résiste ; mais avec le plus courageux des leaders, si le peuple est résigné, démissionnaire, la parole d’un leader voire même ses actions isolées, ne permettront aucun changement. Mais ces temps-ci, de peuple démissionnaire, nous sommes en train de devenir un peuple fatigué et c’est je pense, ce qui justifie cet appel du pied venant de tous les bords pour que, Idrissa Seck rompt le silence.
« Qui parle sème, qui écoute récolte ». Je ne connais pas l’agenda du président Idrissa Seck, mais le peu de chose que je connais de lui me fait croire que le jour où c’est le peuple sénégalais qui réclamera sa parole, il s’adressera à lui avec cette sagesse dans les propos, qui est devenue sa marque. Mais jusqu’à présent, ce sont des journalistes souvent taxés à tort ou à raison d’être instrumentalisés ou des politiciens en manque d’arguments qui lancent des piques pour faire sortir du bois le « ndamal kadior ». Une meilleure communication passe par le silence. Ce silence d’Idrissa Seck a permis aujourd’hui aux Sénégalais de se rendre compte que certaines voix doivent rester toujours audibles, mais surtout doivent être écoutées. Nous voyons quel est l’effet du silence d’Idrissa Seck sur le landernau politique. Le silence est un outil de communication infaillible qui permet de faire apprécier à sa juste valeur la parole de quelqu’un. Mais la parole, la communication étant la base de l’engagement politique, j’ose croire qu’un jour viendra où Idrissa Seck va rompre enfin son silence et sera écouté pour une fois par tous les Sénégalais.


Ibrahima Wade, Cellule des Cadres de Bokk Gis Gis

 

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