Violences à l'UCAD: les amicales pointées du doigt par les étudiants
A l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, les cours sont suspendus depuis le mercredi 16 juin. C’est la résultante des violences répétées exercées sur les étudiants et, surtout, les professeurs qui deviennent des cibles. Les apprenants pointent du doigt les amicales accusées d’être les seules responsables de cette situation délétère. Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) a d’ailleurs décrété une grève de 72 heures à compter d’hier lundi pour protester contre ces violences.
Les deux amphithéâtres de la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar sont désertés par leurs occupants. Un silence de cathédrale y règne. Cette Faculté est pourtant connue pour ses effectifs pléthoriques. Le calme qui y règne en cette fin du mois de juin est donc inhabituel. La scène de l’agression dont a été victime un des professeurs du département d’anglais, Abdoul Ngom, qui a vu un étudiant lui arracher le micro, a fini de faire le tour de la Toile.
« Nous condamnons fermement cette violence qui ternit davantage l’image des étudiants. Au-delà des cours qu’ils dispensent, ces professeurs sont nos pères ou nos mères. Nous leur devons ce même respect que nous donnons à nos propres parents. Et je pense que les étudiants doivent évaluer leurs comportements. Les différents clivages politiques ou syndicaux ne doivent en aucun cas primer sur l’intérêt général qui est l’université. Car elle est au-dessus de toute chose. L’argument de la force n’a pas sa place dans ce temple de dialogue et de débat contradictoire », se désole Steven Dame Sène, président de l’Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines.
A l’en croire, le mal dont souffre l’université est trop profond. Et ce même si la violence dans l’espace universitaire ne date pas d’aujourd’hui.
Ambiance morose au niveau du couloir de la mort
Le célèbre « couloir de la mort », menant vers le campus social et emprunté chaque jour par des milliers d’étudiants en temps normal, est lui aussi déserté en cette période de grève déclenchée pour protester contre la violence à l’Université en général, contre le corps enseignants en particulier.
Le campus social de l’université, connu pour son ambiance si bouillonnante, n’a par contre pas changé de visage. En ce début de semaine, des groupes d’étudiants sont assis sur les différents bancs publics. Sur un des bancs, deux garçons et une demoiselle en licence 1 du département anglais ont pris place. « Cette situation m’attriste beaucoup. Si je savais, je n’allais pas venir à l’université. C’est vraiment à une violence gratuite que nous assistons. Des machettes, couteaux et gourdins sont les seules armes dont disposent les étudiants. Comme s’ils ne sont plus des étudiants et sont devenus des nervis. Tout cela à cause des amicales » se désole la belle nymphe dans sa très belle robe lui moulant le corps.
Elle déplore que les cours soient à l’arrêt alors que leurs camarades qui sont dans les universités privées font cours. Au pavillon B du campus social, qui accueille souvent les représentants des différents étudiants dans les amicales, l’ambiance déroge des jours habituels. Les vitres de la chambre 20 ont été cassées suite à des jets de pierres d’un groupe d’étudiants appartenant à une liste syndicale. Un des occupants de cette chambre déplore les saccages au niveau des restaurants et du campus pédagogique. « Les autorités doivent assumer leurs rôles et sanctionner tous les fauteurs de troubles », conseille Marcel Diedhiou, coordinateur de la coalition gagnante article 118 -119 C.O.C.C de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad dont la liste « Renaissance » a dû mal à être acceptée.
Par ailleurs, Marcel Diedhiou approuve le discours de fermeté du président de la République prononcé depuis le Fouta et pense qu’il est temps de résoudre une bonne fois pour toute cette violence qui gangrène l’Université Cheikh Anta Diop. Et pas seulement elle. Ce surtout que le Centre de Recherches, d’Etudes et de Documentation sur les Institutions et les Législations Africaines (CREDILA) de la Faculté a été également attaqué par la liste « Renaissance ».
Le doyen de la Faculté de Droit a même reçu des menaces de mort. Les étudiants pointent un index accusateur en direction des amicales dont ils estiment qu’elles sont les seuls responsables de la flambée de violence en milieu universitaire. Pour les besoins de cet article, nous avons cherché à maintes reprises à joindre le directeur adjoint du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), Khalifa Diagne. Hélas, malgré nos multiples appels, il n’a pas voulu décrocher son téléphone portable, indique le journal Le Témoin qui a fait ce point sur les violences à l'Ucad.