Le journaliste Capain Bassène suspend sa grève de la faim n'abdique pas
René Capain Bassène a mis un terme à sa grève de la faim ce jeudi, à la suite d’une rencontre décisive avec l’évêque de Ziguinchor, Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga. L’entretien, qui a duré plus d’une heure, a été marqué par un échange profond et humain entre les deux hommes, centré sur la situation du journaliste incarcéré depuis plusieurs années dans le cadre de l’affaire de Boffa Bayotte, sans jugement définitif à ce jour.
Le Mouvement Vision Citoyenne, dirigé par Madia Diop Sane, a exprimé dans un communiqué sa profonde gratitude à l’endroit de l’évêque, saluant son engagement pastoral et humaniste en faveur de la paix, de la dignité humaine et du dialogue. Le mouvement rappelle cependant que la fin de la grève ne doit pas faire oublier l’exigence de vérité et de justice dans ce dossier.
Vision Citoyenne attire par ailleurs l’attention de l’État sur la situation sanitaire préoccupante de René Capain Bassène, qui souffre d’un problème auditif nécessitant une intervention chirurgicale urgente. Le mouvement estime que les autorités doivent pleinement assumer leurs responsabilités face à une détention prolongée qui ne fait qu’aggraver l’état de santé du journaliste.
Pour rappel, en 2018, alors que la gendarmerie locale menait ses premières investigations, un fait surprenant est survenu : le colonel Issa Diack, alors patron de la Section de Recherches de Dakar, s’est personnellement rendu à Ziguinchor pour prendre en main l’enquête. Peu après, le général Moussa Fall s’est également déplacé sur les lieux. Au total, plus de 23 personnes ont été déférées, avec des dossiers particulièrement lourds. Au final, seul René Capain Bassène a été reconnu coupable.
Ce dernier a toujours nié les faits qui lui sont reprochés et a défié la justice de lui apporter la moindre preuve de son implication. Selon lui, son incarcération est purement politique, une volonté du régime de l’APR de faire taire sa plume. Dans plusieurs de ses déclarations, il affirme avoir été victime de tortures lors de son audition.
Les familles des autres détenus, également accusés à tort selon elles, envisagent de porter plainte contre l’État pour avoir subi les mêmes traitements.
Dans cette affaire marquée par de nombreux non-dits, la gendarmerie est accusée d’avoir bâclé l’enquête. Le cas de César Atoute Badiate, cité et condamné comme principal commanditaire du massacre des 14 bûcherons, soulève également des interrogations : il négociait avec l’ancien président Macky Sall pendant que ses coaccusés, eux, continuaient de croupir en prison.