Après Ziguinchor et Sédhiou, les jakartamen de Kaolack enflamment la ville pour s'opposer au sort que le nouveau régime veut les imposer
Les conducteurs de motos-taxis, communément appelés Jakartamen, ont pris d’assaut les rues de Kaolack ce mercredi pour exprimer leur mécontentement face à la circulaire réglementant leur activité. Après Ziguinchor et Sédhiou, c’était au tour de Kaolack de vivre ces manifestations houleuses.
Les Jakartamen protestaient contre les nouvelles exigences de régularisation, notamment un délai de trois mois jugé insuffisant et les frais estimés à 350 000 F CFA pour se conformer à la loi. Ces coûts, qu’ils qualifient de prohibitifs, sont difficiles à supporter compte tenu de leur situation économique précaire.
Les manifestations ont paralysé plusieurs quartiers de Kaolack, où des pneus brûlés jonchaient les routes. Toutefois, l’intervention musclée des forces de l’ordre, avec des tirs de grenades lacrymogènes, a rapidement dispersé les protestataires. Malgré cela, les conducteurs de motos Jakarta continuent de dénoncer un manque d’assistance de l’État, qu’ils appellent à alléger les charges administratives pesant sur eux.
Un aspect clé du problème réside dans le fait qu’une grande partie des motos-taxis ne dispose pas du Certificat de Mise en Circulation (CMC), car elles n’ont pas été dédouanées. Importées sous forme de pièces détachées, leur régularisation s’avère encore plus complexe.
Ces jakartamen se demandent si les tenants du régime ont déjà oublié le rôle important qu'ils ont joué dans la lutte qui les a conduits au pouvoir. ''Nous avons bravé les lacrymogènes, les intempéries et même la chasse à l'homme parfois pour accueillir les caravanes de Sonko et l'accompagner et le protéger dans tous les coins du Sénégal parce que nous le faisions confiance et fondions de l'espoir sur lui et son projet pour le pays. Mais, à notre surprise, depuis leur arrivée à la tête du pays, nous sommes persécutés, acculés au point que nous n'arrivons plus à travailler. Nous n'avons pas choisi d'être des conducteurs de motos-taxis, nous sommes contraints de le faire parce que nous n'avons pas d'emplois dignes de ce nom. Nous le faisons pour pour éviter que nous et nos familles ne sombrent dans la misère. Aujourd'hui, nous sommes en train d'être payés par de la paille sèche par Diomaye et Sonko'', disent-ils à qui veut les entendre.
Selon beaucoup d'observateurs qui évoquent le sujet, la priorité est ailleurs et non ces motos-taxis qui, bien que parfois étant à l'origine de certains accidents de la circulation, mais sont quand même un mal nécessaire pour les populations qui se déplacent facilement jusqu'aux coins les plus reculés du pays grâce à eux. Et aussi, ils permettent à beaucoup de familles d'avoir de quoi aller au marché le matin, par conséquent les nouvelles autorités doivent donner le temps au temps pour se pencher sur cette question, préconisent-ils.
À noter que le ministère des Transports terrestres et aériens a fixé au 13 mars la date limite pour la mise en conformité des motos dont la cylindrée dépasse 49 cm³.