CITOYENS DE TOUT BORD INDIGNEZ-VOUS POUR LE TRANSFERT DES DECHETS A TOBOR (PAR PAPE SARR)

16 - Février - 2025

Tobor dans la Commune de Niamone et dans l’arrondissement de Tenghory risque d’être le symbole de l’inacceptable depuis que cette décision d’acheminer les déchets de Ziguinchor dans ce village paisible a rencontré le refus exprimé des populations. Le Dr Diedhiou qui personnifie désormais cette opposition, et qui a l’âme d’un écologiste soucieux de l’environnement et du cadre de vie est aujourd’hui la victime expiatoire d’une injustice sans nom, lui qui a eu le malheur de porter la parole des résidents indignés par cette action de refus du transport des déchets de Ziguinchor à Bignona et précisément à Tenghory dans le village de Tobor.

La FSD par ma voix rappelle l’état du Sénégal à sa responsabilité dans l’interdiction formelle des toutes les conventions internationales sur les déchets, leur transport, leur collecte et leur gestion, interdisant formellement le transfert et l’exportation des déchets d’un territoire à un autre. La gestion des déchets est clairement un travail d’assainissement ou de salubrité publique qui constitue aujourd’hui une compétence transférée par l’état aux communes dans le cadre de leur autonomie de décision et de gestion et reste une problématique délaissée et pourtant cruciale. L’enfouissement des déchets au Sénégal reste une habitude des collectivités territoriales qui traduit à bien des égards la paresse ou le laxisme des hommes et femmes ayant la responsabilité de la collecte et du traitement de ces déchets et qui trois quart du temps, exportent purement et simplement ces déchets chez les voisins dès qu’une étendue de terre semble non valorisée. Nous décrivons là, une situation très généralisée en Afrique mais nous sommes à peu près certains de partager avec le docteur Diedhiou cette préoccupation pour la lutte contre les pollutions de toutes sortes constituant un risque certain sur l’eau, le sol, l’air et globalement l’environnement et la nature dans les zones d’enfouissement.

C’est un fait dans les conventions internationales que ce pays a fini de ratifier qu’il est interdit d’exporter ses déchets et de les transporter d’un territoire vers un autre. Même si le droit de l’environnement n’est pas encore fini d’être complètement consacré du fait de la difficulté à en faire respecter les principes dans le droit international, le bon sens ne saurait s’accommoder de ces mauvaises pratiques dans nos communes qui gagneraient à plus se prêter à une prospective collective et à des intercommunalités dans le sens de plus de production et d’une propension à de meilleure pratiques pour une meilleure façon de produire et de valoriser les ressources des territoires loin du sous traitement des saletés, rebuts et autres incommodités de la vie en collectivité.

A ce stade il me paraît important de rappeler quelques dispositions du code de l’environnement du Sénégal pour que chacun y tire la substance de sa posture

Le chapitre III du titre II du Code de l’environnement est consacré dans sa partie législative à la gestion des déchets (articles L30-L43). C’est ainsi que « les déchets doivent être éliminés ou recyclés de manière écologiquement rationnelle afin de supprimer ou de réduire leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, sur les ressources naturelles, la faune et la flore ou la qualité de l’environnement ». Il est exigé de toute personne qui produit ou détient des déchets d’en assurer l’élimination si possible.

Le Code de l’environnement au Sénégal interdit en son article 139 l’importation des déchets dangereux sur le territoire national. Cette disposition est conforme aux engagements pris dans le cadre de la convention de Bamako sur les déchets toxiques. Cette logique d’interdiction de transfert des déchets d’un pays à un autre est la base de la construction de l’inacceptation du transfert des déchets d’une commune à une autre sans accord clairement défini et compris par les acteurs du territoire du quotidien sur les incidences d’appartenance à un territoire étendu.

Une commission nationale de gestion des produits chimiques a été créée par arrêté ministériel n° 852 du 8 février 2002. Placés sous la tutelle du Ministre de l’environnement, elle a pour tâche de contrôler et de surveiller l’importation, l’utilisation, la production et les mouvements des substances chimiques nocives et dangereuses et de manière générale, elle doit examiner toute question relative à la gestion des déchets et des pesticides dangereux.

Concernant la gestion des déchets urbains, les collectivités locales sont compétentes. En effet, elles ont des attributions importantes dans le domaine de l’élimination des déchets. En effet, elles assurent aussi bien l’élimination des déchets ménagers que les déchets non ménagers. Dans le cadre de ces opérations, elles procèdent à la collecte, au tri, au stockage, au transport, à la récupération, à la réutilisation, au recyclage ou à toute autre forme de traitement des déchets. L’article 34 du décret n° 96-1134 du 27 décembre 1996 précise que « la commune gère les déchets produits dans son périmètre. Elle prend toutes les dispositions indispensables pour leur collecte, leur transport et leur traitement. Des centres appropriés de traitement des déchets peuvent être installés dans la commune ».

La commune peut aussi en collaboration avec d’autres communes installer des centres de traitement des déchets. Cela suppose normalement une intercommunalisation ou un syndicat mixte qui se substituerait aux communes contractantes et compétentes dans la collecte et le traitement des déchets. Il serait donc aisé d’imaginer que la Commune de Ziguinchor ait signé des conventions ou accords pour pouvoir déposer ses déchets dans la commune de Tenghory et par extension à Tobor. Sauf qu’à notre connaissance il n’existe pas à ce stade d’EPCI ou de syndicats mixtes répondant à ces préoccupations.

Pour le cas spécifique des déchets industriels dangereux et des déchets d’hôpitaux, ils doivent en principe être traités sur le site qui les a générés. A défaut, dans un centre aménagé à cet effet. Si les déchets sont abandonnés, déposés ou traités contrairement à la réglementation, le responsable peut être obligé par l’administration à en assurer le traitement. Mais, le problème de la gestion des déchets ménagers se pose surtout dans les grandes villes.

Ziguinchor dans la vision du PNADT constitue bien une des 10 métropoles d’équilibre du pays et on peut dès lors comprendre la difficulté que sa commune peut rencontrer dans la gestion et le traitement de ses déchets. Que sa Communauté urbaine signe un contrat ou une convention de cogestion des déchets ne nous choque pas mais à l’état actuel des compétences dans la gestion des risques liés aux déchets qui peinent à être triés et qualifiés dans nos territoires, le collectifs des populations de Tobor qui refuse ces dépôts de déchets dans leur village n’a qu’une réaction naturelle de refus pour se prémunir de tous les risques éventuels décrits dans le code de l’environnement. Niamone dans le Bignona ne peut être le dépotoir d’ordures de Ziguinchor et ça quelques proximités à Bignona (je suis attaché à Kartiack et Balinghor) ne me le font pas dire. C’est une question de bon sens.

A l’heure de l’acte III de la décentralisation et peut être même d’un acte IV qui serait en gestation, il me parait inconcevable que ce type de pratiques continuent.

Et même si la commune a contracté avec la SONAGED en lui concédant le service public de l’enlèvement des ordures ménagères, je veux rappeler ici que la gestion des déchets est une compétence traditionnelle de la commune transférée au même titre que 8 autres compétences à la collectivité par l’état.

C’est ainsi que l’article 29 de la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 modifiée précise « la commune reçoit les compétences suivantes :…la gestion des déchets,… Elle vise à instaurer et maintenir un cadre de vie de meilleure qualité favorable au bien-être et à l’épanouissement des populations sur toute l’étendue du territoire national en assurant une veille permanente des normes et actions de salubrité publique. A ce titre, elle est chargée de : • élaborer pour le compte de l’Etat, les politiques et programmes de lutte contre l’insalubrité ; • assister les collectivités locales dans la planification et la mise en œuvre de leurs programmes ; • assurer le suivi-évaluation des activités de lutte contre l’insalubrité ; • réaliser des études et recherches aux plans technique, financier et réglementaire, pour l’amélioration de la salubrité du cadre de vie ; • promouvoir l’installation d’infrastructures et d’équipements appropriés de lutte contre l’insalubrité ; • mettre en place une base de données sur la salubrité du cadre de vie ; • assurer une veille technique, réglementaire et juridique en matière de salubrité publique ; • renforcer les capacités des acteurs intervenant dans la lutte contre l’insalubrité ; • développer l’information, l’éducation et la sensibilisation du public et appuyer les initiatives de base en matière de salubrité ; • faciliter le partenariat et appuyer les collectivités locales dans le cadre de la coopération internationale et/ou décentralisée ; • mettre en place et animer des cadres de concertation en vue de l’harmonisation des objectifs sectoriels de gestion du cadre de vie ; • susciter la synergie entre les différents partenaires (Etat, Collectivités locales, ONG, populations, partenaires au développement et autres partenaires techniques et financiers) ; • réaliser toutes autres actions entrant dans le cadre de sa mission et qui lui seraient confiées par l’Etat.

Docteur Diedhiou n’a fait que porter le combat d’une communauté qui refuse la facilité et qui se protège contre l’arbitraire et l’abject. Il se bat L’instauration et le respect d’un ordre public écologiste, qui comme le dit notre code, doit bien entendu avoir pour seule finalité : le développement durable grâce à la mise en place et au développement d’un corps de règles juridiques et d’institutions environnementales devant constituer le cadre des activités pour les générations présentes et futures. Ziguinchor doit traiter ses déchets sur son sol et dans son périmètre, dans sa commune et la responsabilité non transférable de ses élus est de trouver dans son périmètre communal ou dans un espace identifié dans n’importe quelle commune de son département les moyens gérer ses déchets sans nuire aux autres.

Pour une métropole d’équilibre de cette envergure, produire, consommer, transporter, stocker, transformer et vendre au besoin les ressources infinies de ce territoire sans polluer les voisins est certes une gageure, mais il faut admettre et accepter que le développement du territoire ne puisse être une sinécure.

La gestion des déchets doit faire partie de cet équilibre écosystémique, au nom du respect de l’empreinte écologique des territoires afin que chaque terroir du Sénégal puisse jouer complètement son rôle dans l’atteinte de la contribution déterminée nationale. Tobor ne peut pas servir de dépotoir à Ziguinchor, le bon sens ne peut l’accepter dans l’absolu quels que soient les accords et autres conventions signés. C’est juste mal ficelé et interdit et le Docteur Diedhiou qui le comprend bien et qui le décrie de toutes ses forces ne saurait être l’agneau d’un quelconque sacrifice au nom de l’accomplissement d'actes interdits. J’appelle l’état du Sénégal à libérer ce vacancier sur son territoire pour ne pas menacer plus longtemps les occupations de ce brave responsable de famille et acteur majeur de sa collectivité. M. Diedhiou à des occupations au Canada et devrait y retourner le temps que les esprits se refroidissent et qu’enfin le droit des habitants de Tobor soient respectés. Les choses peuvent être respectées et reconsidérées au mieux de tous.

En attendant, les sénégalais de la diaspora de la FSD et de tout bord s’indignent pour Tobor. J’exprime par ce message l’inquiétude de la Fédération des Sénégalais de la Diaspora (FSD) face à l’emprisonnement du Docteur Diedhiou qui n’a fait que servir de vigie citoyenne pour son terroir. Nous appelons à sa libération sans délais, et convions nos autorités à une solution d’apaisement.

Tobor se passerait bien de cette publicité et il est aisé de comprendre que ce bon Dr Diedhiou aimerait passer des vacances autrement qu’en prison. . Nous appelons à la clémence et au pardon si dans son entreprise d’expression du refus d’accepter les déchets de Ziguinchor, l’imperfection inhérente à l’action de l’homme ait servi de motif pour l’arrestation de ce Sénégalais intelligent courageux et valeureux.

Tenghory et la Casamance entière devrait s’enorgueillir de ces nombreux fils et filles à l’image du Dr Diedhiou. Tenghory c’est aussi le territoire de Dr Karfa SANE qui défend le respect du développement des territoires en Loire Atlantique et avec qui on ne se lasse pas dans la FSD, dans Carambenor et en dehors, d’écrire et de déposer des projets pour Tenghory, Tabi, Belaye et tous ces territoires de Bignona qui souhaitent, à l’instar de tous les terroirs de ce pays, sortir de l’ornière et de préférence sans pollution.

La valorisation des territoires et de leurs ressources est à ce prix dans l’ensemble des localités du Sénégal. Libérer le Dr Diedhiou pour qu’il puisse retourner à ses occupations au Canada et respecter le droit de Tobor et de ses habitants à une vie saine loin des déchets de Ziguinchor est à présent un cri collectif des sénégalais de la diaspora de tout bord.

Gérer les déchets c’est aussi sensibiliser, limiter recycler et valoriser les rébus de nos territoires, c’est bien ce que fait la Sonaged et son vaillant directeur. Nous ne doutons donc pas des engagements de l’état à traiter ces questions sur l’ensemble du territoire et nous gageons que l’action combinée de la gestion des collectivités, de la promotion des territoires, et de l’assurance d’une propreté collective que ces nombreux set-setal essaient d’instaurer, constitue le trio gagnant et la prédisposition préalable à l’investissement des Sénégalais de la diaspora dans nos territoires.

Il faut encourager les initiatives des sénégalais de l’extérieur, premiers ambassadeurs du Sénégal dans les pays d’accueil, et pousser les efforts de cette nature, accompagner nos compatriotes de l’étranger à constituer la diaspora sénégalaise comme un secteur privé fort au lieu de s’évertuer à punir ses concitoyens qui ont le malheur de se porter en faux devant une incongruité territoriale. Nous savons pouvoir compter sur l’oreille attentive de nos autorités pour cette sollicitation qui préfigure notre sollicitude de toujours pour le développement durable du Sénégal.

Pape O SARR

Président de la Fédération

internationale des Sénégalais

de la Diaspora (FSD)

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Auteur : Posté le : 17/02/2025 à 18h48

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